Entre dimanche et lundi derniers, les habitants du lotissement Oued El Kerrouche, dans la commune de Saoula, ont été surpris par des torrents de boue qui ont pratiquement bloqué la piste leur servant d'accès principal. Plusieurs écoliers, étudiants et travailleurs n'ont pu de ce fait sortir de chez eux, préférant laisser passer l'orage que de patauger dans la boue. Dépités par leur condition de parias et très remontés contre les élus de la commune de Saoula qu'ils accusent, sans détour, d'être à l'origine de tous leurs maux, les habitants pointent du doigt l'entreprise privée chargée des travaux d'adduction du gaz de ville. Celle-ci, après trois jours de travaux, a préféré, « pour on ne sait quelle raison », abandonner le chantier, laissant les choses en l'état, c'est-à-dire des tranchées ouvertes sur plusieurs dizaines de mètres, des trous béants et des tonnes de terre retournée. On en imagine les conséquences après les fortes précipitations de ce début de semaine. Plus grave, les habitants reprochent à l'entreprise en question d'avoir brisé la conduite d'eau potable en 5 endroits, ainsi que celle des eaux usées. Un membre de l'association de quartier précise que « les travaux de réfection des deux conduites ont été effectués, comme d'habitude, aux frais des habitants ». Selon nos interlocuteurs, en majorité des cadres à la retraite, l'APC de Saoula a de tout temps ignoré les habitants de ce lotissement qui a pourtant pris naissance au début des années 1980. De plus, ajoutent-ils : « La commune de Saoula n'a dépensé aucun centime pour nous ; tous les travaux de réalisation du réseau d'eau potable, d'assainissement et d'électrification ont été financés en totalité par les habitants ». Quant à la route, expliquent-ils : « Nous l'avons construite nous-mêmes en déversant des quantités de béton sur la piste d'accès. Elle était carrossable jusqu'à ce que l'entreprise citée plus haut vienne la défoncer, sans régler notre problème d'alimentation en gaz de ville ». Les griefs retenus contre les élus locaux sont nombreux, en particulier le refus de ces derniers d'assurer la collecte des ordures ménagères. Conséquence : on jette tous le déchets dans le lit de l'Oued Kerrouche, polluant ainsi les nappes phréatiques de la Mitidja toute proche. Pis, les constructions situées en amont du lotissement sont dépourvues de réseau d'évacuation des eaux usées. Leurs occupants n'hésitent d'ailleurs pas à les déverser directement dans la nature... ou carrément sur les premières maisons de Oued Kerrouche. Une aberration qui fait violemment réagir les résidants du lotissement qui crient à l'injustice et au manque de considération de la part des élus locaux. Car, même constitués en association dûment agréée, les habitants n'ont jamais pu se faire écouter. « La dernière entrevue avec le président de l'APC date du 12 août 2006. Depuis, les 8 promesses qu'il nous a faites sont restées lettre morte ». On l'accuse, en outre, de ne jamais répondre aux correspondances qui lui sont adressées. Cette attitude, les habitants l'interprètent comme une forme de mépris à tous ceux qui ont eu le malheur de construire leurs demeures dans ce coin perdu de la commune de Saoula. Perdu, parce qu'ici, il n'y a aucun moyen de transport assurant la liaison entre Draâ Essekoum et le lotissement, en passant par la rue Boualem Zoubiri, laquelle mène directement jusqu'à Baba Ali. Autrement dit, les élèves doivent faire plusieurs kilomètres à pied pour rejoindre leur école, située presque à Baba Ali. Le chemin vicinal y menant est dépourvu d'accotements, d'où les risques d'accident qu'ils encourent au quotidien. Pour les lycéens inscrits à Saoula, il leur faut remonter à pied jusqu'à Draâ Essekoum, éloigné d'au moins 2 km de Oued Kerrouche. De là, ils doivent emprunter des minibus en payant 15 DA pour un trajet de quelques kilomètres seulement. « Imaginez combien cela leur coûte quand ils sont obligés d'effectuer ce trajet 4 fois par jour », nous dit un membre de l'association qui précise que les échecs scolaires augmentent d'année en année.