C'est certainement la première fois que le Quartette (Etats-Unis, Russie, Europe et ONU) multiplie les réunions sur le sujet — la question palestinienne — à l'origine de sa création en 2005. Ce qui ne veut pas dire qu'il fasse preuve d'efficacité, lui qui est en retard sur son programme prévoyant la création d'un Etat palestinien en 2005. Passons sur le retard, même si aucune explication n'est recevable. Mais cette fois, les Palestiniens, engagés eux aussi dans une vaste campagne diplomatique, voient dans la réunion de Berlin un côté quelque peu positif. Le gouvernement palestinien sortant issu du Hamas a relevé jeudi un « changement » positif dans la position du Quartette qui a décidé mercredi d'attendre la formation d'un cabinet d'union palestinien avant de décider du sort des sanctions. Un haut responsable européen ayant requis l'anonymat a distingué ainsi l'attitude des Européens de celle des Américains : « Nous avons tendance à considérer ce gouvernement d'union nationale comme un verre à moitié plein, plutôt que comme un verre à moitié vide, cette manière de voir étant davantage celle des Américains », a-t-il résumé. « Le soutien du Quartette à la formation d'un gouvernement palestinien d'union et le non-recours au langage du boycott et de l'embargo constituent une évolution de sa position et nous espérons que cela aboutira à une pleine coopération », a souligné le porte-parole du gouvernement. Le Quartette a indiqué qu'il attendait la formation effective du gouvernement d'union palestinien pour prendre des décisions sur une éventuelle levée ou un maintien des sanctions frappant le gouvernement actuel. « Nous prendrons une décision quand il sera temps de prendre une décision mais il n'existe pas pour l'instant de gouvernement d'union palestinien », a reconnu la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, lors d'une conférence de presse avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et les chefs des diplomaties allemande et russe, Frank-Walter Steinmeier et Sergueï Lavrov. L'ONU et les Européens, Américains et Russes ont « évoqué les efforts en cours pour parvenir à un gouvernement palestinien d'union nationale, comme le prévoit l'accord conclu à La Mecque le 8 février », toujours selon le communiqué. Cet accord entre le président palestinien Mahmoud Abbas, du Fatah, et le numéro un du Hamas, Khaled Mechaal, prévoit notamment la mise en place d'un gouvernement palestinien d'union censé mettre fin à une grave crise politique interne qui a dégénéré ces derniers mois en combats meurtriers entre partisans des deux mouvements. L'actuel gouvernement du Hamas fait l'objet d'un embargo sur l'aide économique, aux effets paralysants, décrété par le Quartette. Des responsables, notamment en Europe, déplorent cependant un embargo affaiblissant l'économie et la structure d'un futur Etat palestinien. Par ailleurs, le leader en exil du Hamas, Khaled Mechaal, se rendra à Moscou lundi pour des entretiens sur la situation au Proche-Orient à la lumière du projet de gouvernement palestinien d'union nationale, a annoncé jeudi le ministère russe des Affaires étrangères. « Lors de ces entretiens au ministère russe des Affaires étrangères, les efforts de la partie russe en vue d'une stabilisation de la situation dans les territoires palestiniens et d'un dépassement des désaccords interpalestiniens seront poursuivis », a souligné le ministère dans un communiqué. Ces efforts visent à « la formation d'un gouvernement d'union nationale en tenant compte des critères connus du Quartette mais aussi à la relance du dialogue politique israélo-palestinien », a ajouté la diplomatie russe. Washington et Moscou divergent encore sur le soutien à apporter à ce gouvernement. Khaled Mechaal a appelé jeudi Washington à reconnaître les « nouvelles réalités » issues de l'accord de La Mecque. « L'Amérique n'a pas d'autres alternatives que de s'adapter aux nouvelles données palestiniennes et arabes », a-t-il affirmé au Caire. Le chef du bureau politique du Hamas, exilé à Damas, s'était rendu à Moscou en mars 2006 après la victoire de son mouvement aux législatives palestiniennes de janvier. C'est donc là plus qu'un simple frémissement qu'il y a tout lieu de relativiser et de suivre avec une extrême prudence. Rien n'indique qu'il y a une franche volonté de régler durablement la question palestinienne. Son histoire est jalonnée d'opérations médiatiques.