Depuis plus de deux ans, le 9 juillet 2004, et en réponse à une demande de l'assemblée générale de l'ONU, la Cour internationale de justice a rendu son avis sur la construction du mur de séparation érigé par Israël en Cisjordanie occupée. Elle a affirmé dans sa réponse que « l'édification du mur qu'Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l'intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime, qui lui est associé, sont contraires au droit international ». Le 20 juillet 2004, l'assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution ES-10/15, après avoir pris acte de l'avis consultatif de la Cour internationale de justice. La résolution « exige qu'Israël, puissance occupante, s'acquitte de ses obligations juridiques telles qu'elles sont énoncées dans l'avis consultatif ». Depuis plus de deux ans, chaque semaine, après la prière de vendredi, les habitants de Balaâïn, un village palestinien situé près de la ville de Ramallah, organisent des manifestations de protestation contre cet édifice qui confisque près de 60% des terres agricoles de ce village. Des pacifistes israéliens et occidentaux participent à ces manifestations, tout aussi régulièrement réprimées par les forces israéliennes. Ce village palestinien est en somme devenu le symbole d'une lutte populaire contre l'édification de ce mur, qualifié de mur de la honte par les pacifistes israéliens et étrangers ou mur de séparation raciste par les Palestiniens. Lors de la manifestation de vendredi dernier, 16 manifestants ont été blessés. Chaque vendredi, les Israéliens utilisent leurs moyens de répression contre des civils désarmés qui mènent une autre forme de résistance contre l'oppression et l'occupation. Ici, les seuls à faire usage de leurs armes sont les soldats israéliens. En plus des balles en caoutchouc, les Israéliens utilisent les gaz lacrymogènes et les jets d'eau. Chaque semaine, l'armée israélienne arrête des manifestants que les soldats se plaisent à passer à tabac. Toutes les mesures répressives n'ont pu venir à bout de la volonté de ces résistants que l'on ne peut qu'admirer et qui reviennent chaque semaine au même endroit crier leur mécontentement et leur désapprobation envers cet édifice dont la longueur finale avoisinera les 750 km. D'une hauteur de 10 m à certains endroits, plus du double de la hauteur du mur de Berlin, ce mur qui pénètre en profondeur des terres palestiniennes et annexe de facto à Israël plus de la moitié de la superficie de la Cisjordanie alors qu'il divise le reste en plusieurs îlots isolés qualifiés de bantoustans par les Palestiniens. Comme les colonies bâties sur des terres confisquées aux Palestiniens, en certains endroits, le mur sépare des villages de leurs terres cultivables, ou les prive de leur eau en les séparant de leurs puits, ou les enclave entre la ligne verte (ligne de frontière d'avant la guerre de 1967) et le mur, les séparant de leur entourage palestinien. Isolés, les habitants ne peuvent se rendre ni en Cisjordanie ni en Israël, alors que d'autres sont totalement ceinturés. Leur existence est rendue totalement invivable. Pour survivre, il faudra partir, abandonner les maisons, les villages et les terres. C'est le but de l'opération. Dans une société privée de tous ses moyens de survie, déstructurée, la population asphyxiée n'a pas d'autre choix que de partir. Une fois achevé, le mur de séparation doté de tours de contrôle, de portails que l'on ne peut franchir qu'à l'aide de laissez-passer très difficiles à obtenir, sera certainement la future frontière de l'Etat palestinien, lequel se rend-on compte, ne sera pas le fruit de négociations de paix mais un fait accompli à l'image des ensembles de colonies gigantesques bâties en Cisjordanie occupée. Le mur finira par avaler la ville sainte d'Al Qods et isolera plus de 400 000 Palestiniens qui devront survivre pour le reste de leur vie prisonniers entre la ligne verte et le mur ou, comme le souhaite Israël, partir, laisser leurs maisons et leurs terres comme ont été forcés de le faire des centaines de milliers de Palestiniens en 1948. Tout cela se fait en plein jour devant les yeux d'une communauté internationale qui se dit attachée à la démocratie et aux droits de l'homme.