Palestiniens et Israéliens attendent impatiemment l'avis que doit rendre demain la Cour internationale de justice. Pour des raisons diamétralement opposées, les deux parties, palestinienne et israélienne, sont accrochées à l'information que vont donner demain les quinze juristes de la Cour internationale de justice, organe judiciaire spécialisé de l'ONU. La CIJ, dont les avis consultatifs ne sont pas contraignants, doit ainsi se prononcer sur la demande formulée en décembre de l'année dernière par l'Assemblée générale des Nations unies sur la légalité du mur de séparation qu'Israël édifie en Cisjordanie, en territoire palestinien occupé. Par cette ligne de séparation qui s'enfonce profondément en territoire palestinien, Israël annexe de fait, plus de 15% du territoire palestinien. A la demande de l'Assemblée générale de l'ONU, la CIJ doit «déterminer quelles sont les conséquences juridiques de l'édification de ce mur» que les Palestiniens considèrent comme un «mur de l'apartheid» quand les Israéliens estiment que c'est «une clôture antiterroriste». Le fait évident dans cette affaire est qu'Israël, Etat occupant des territoires palestiniens, édifie sur lesdits territoires un mur de séparation que tous les experts en droit international estiment illégal. Avis similaire que, théoriquement, doit rendre demain la Cour internationale de justice. Cette dernière peut également, selon des analystes, se déclarer incompétente dans cette affaire, mais cela, estiment les mêmes, est peu probable. En effet, selon les juristes c'est une affaire juridique dans laquelle la CIJ est parfaitement compétente et peut juger sur les tenants de ce litige. Aussi, son avis ne peut être que négatif et déclarer illégal le mur qu'Israël construit dans les territoires palestiniens occupés. Selon une juriste néerlandaise, Heikelina Verrijn Stuart, qui suit les procédures de la CIJ et dont les propos sont rapportés par les agences de presse : «S'ils (les 15 juges) décident de répondre à la question posée, je ne peux m'imaginer qu'ils concluent que sa construction (du mur) est légale au regard du droit international». Avis partagé par un autre juriste, Phon van den Biesen, qui relève : «Dans les grandes lignes, s'ils se prononcent, les juges devraient conclure que le mur est une violation du droit international même s'ils pouvaient apporter des nuances notamment par rapport au droit à l'autodéfense d'Israël». Remarquons qu'aucun expert ou homme politique, ne soulève de la même manière le droit à l'autodéfense du peuple palestinien occupé et brimé par Israël depuis 56 ans. Dans un rapport très critique, rendu public à la fin de l'année dernière, le bureau de l'ONU pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha) met en exergue le fait que seuls «11% du tracé» de la ligne de séparation édifié par Israël colle «à la ligne verte», ou ligne d'armistice, frontière de fait entre Israël et la Cisjordanie. Ainsi, selon Ocha «plus de 274.000 Palestiniens vivant dans 112 villages et villes vont vivre dans des zones fermées -entre le mur et la ligne verte- ou dans des enclaves totalement entourées par le mur». Israël érige ainsi une immense prison dans laquelle elle compte enfermer les Palestiniens. L'érection du mur est ainsi condamnée unanimement par la communauté internationale, à l'exception remarquée des Etats-Unis. Ce qui n'est pas en soi une surprise. Notons que les arrêts et avis de la CIJ sont sans appel et définitifs, cependant ils ne sont pas contraignants mais il appartient à la partie ayant sollicité son avis de lui donner d'autres développements. Ce que comptent bien faire les Palestiniens, une fois connu l'avis que la Cour internationale de justice rendra demain. De fait, le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, affirme que les Palestiniens ne manqueront pas d'exploiter l'avis de la CIJ. Au sortir d'une rencontre, mardi, avec des représentants du quartette consacrée au plan de retrait israélien de Ghaza, M Qorei a indiqué : «Nous avons longuement parlé du mur. Nous leur avons dit qu'il ne saurait y avoir d'espoir pour la paix tant que le mur sera debout» soulignant «ce mur est construit pour accaparer plus nos terres et non pour des raisons de sécurité», précisant : «Nous leur avons dit (aux représentants du quartette) que nous attendions la décision de la Cour de La Haye qui, nous l'espérons, sera une décision juste. Nous en appellerons alors aux Nations unies et au monde entier. Nous ne resterons pas les bras croisés sur cette affaire». De son côté, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, un haut responsable palestiniens à indiqué hier aux agences de presse que «la balle est à présent entre les mains des Etats de la communauté internationale, étant donné qu'Israël a, par avance, indiqué qu'il ne tiendrait pas compte de l'avis de la CIJ, dont il ne reconnaît pas la compétence» ajoutant : «La question est de savoir si la communauté internationale laissera une fois de plus Israël agir au mépris de la loi, ou si au contraire elle va finalement être sérieuse et comprendre qu'elle a aussi des obligations dans ce conflit». En effet, un avis positif pour les Palestiniens va les conforter dans leur droit de lutte pour l'érection de leur Etat indépendant.