Craignant un avis défavorable de la Cour internationale de justice sur la légalité de son mur de séparation, Tel-Aviv prend les devants en exigeant un soutien américain. Le chef de la diplomatie israélienne, Sylvan Shalom, a demandé aux Etats-Unis de mettre leur veto sur toute résolution du Conseil de sécurité de l'Onu contre la ligne de séparation érigée en Cisjordanie, a rapporté, hier, la radio publique. M. Shalom a soulevé cette demande lors d'un entretien, vendredi, avec la conseillère du président américain à la sécurité nationale, Condoleezza Rice, au sujet de l'avis consultatif que la Cour internationale de justice (CIJ) doit rendre sur cet ouvrage controversé. Il a réaffirmé par la même occasion l'engagement de son gouvernement de démanteler les colonies sauvages en Cisjordanie, alors qu'un tout petit nombre de ces points de colonisation ont été jusqu'à présent évacués. Washington avait déjà imposé son veto en octobre sur un projet de résolution qualifiant la ligne d'“illégale aux termes de la loi internationale” et demandant que sa construction soit “arrêtée et inversée”. Israël craint à présent qu'un avis négatif de la CIJ entraîne le dépôt d'une nouvelle résolution au Conseil de sécurité exigeant le démantèlement de cette ligne. La CIJ, principal organe judiciaire de l'Onu, avait été saisie par l'Assemblée générale afin de donner son avis sur “les conséquences juridiques” de cette barrière. Elle doit remettre son avis vendredi. Israël avait refusé de prendre part aux audiences publiques de la CIJ qui ont eu lieu à La Haye en février. “Nous sommes conscients des tentatives palestiniennes de tourner cela en une grande célébration”,a déclaré vendredi M. Shalom, ajoutant : “Notre but est d'empêcher cette célébration et, si l'affaire va devant le Conseil de sécurité, d'obtenir un veto.” Composée par endroits d'un mur de béton de huit mètres de haut et le plus souvent d'une clôture équipée de systèmes de détection électronique, la ligne mord profondément sur la Cisjordanie occupée. Les Palestiniens qualifient cet ouvrage de “mur de l'apartheid”, alors que les Israéliens affirment qu'il s'agit d'une “clôture antiterroriste” destinée à empêcher des attaques suicide en Israël. Sur le terrain, un enfant palestinien de 9 ans a été tué hier par des tirs de soldats israéliens à Beït Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, apprend-on de sources médicales. Ihab Abdelkarim Chtat a été tué lors de heurts entre des jeunes qui lançaient des pierres et des soldats qui opèrent dans le secteur depuis lundi pour empêcher des tirs de roquettes contre le territoire israélien. Au total, cinq Palestiniens ont été tués à Beït Hanoun depuis le déclenchement de l'opération. Lundi, deux Israéliens, dont un enfant de 3 ans, ont été tués par des tirs de roquettes à partir du nord de la bande de Gaza contre la localité de Sdérot, dans le sud d'Israël. L'enfant palestinien a été tué lorsque des blindés ont tiré des rafales d'armes automatiques en direction des manifestants, ont rapporté des témoins. Un autre jeune a été blessé par balle lors de ces heurts, selon ces sources. Une source militaire israélienne a affirmé que les soldats “étaient en danger” du fait de ces incidents et qu'ils avaient uniquement “tiré des coups de semonce” en l'air. Ce décès porte à 4 145 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifadha en septembre 2000, dont 3 150 Palestiniens et 923 Israéliens. Par ailleurs, des blindés israéliens ont opéré une incursion hier dans la localité proche de Jabaliya, selon des sources sécuritaires palestiniennes. R. I./A.