Les entreprises nationales engagées dans la production pharmaceutique sont aujourd'hui livrées à une concurrence farouche face aux grandes firmes multinationales. Les défaillances inhérentes à la régulation du marché n'arrangent guère les choses. Zoom sur la cas d'une entreprise privée nationale. Sur le nombre important d'opérateurs (120 dossiers) soumis à l'exigence d'investir dans l'industrie pharmaceutique-avant la levée de cette contrainte- Biopharm est l'une des entreprises qui s'est d'emblée engagée dans cette voie. L'aventure de la production, n'a cependant pas été sans embûches selon les responsables de cette entreprise. Nul n'ignore, en effet, qu'il faut au moins quatre ans pour qu'une usine en voie de construction devienne opérationnelle. Ce qu'ont tenté de nous expliquer les premiers responsables de l'unité de production de Biopharm, une entreprise privée, installée à Oued Semar. L'unité en question d'une capacité de 30 millions d'unités de vente par an, mise sur pied en 2002, est aujourd'hui fonctionnelle. Le site regroupe les sept lignes de production, le laboratoire de contrôle et le laboratoire de développement pour alimenter les différentes lignes de production de nouveaux produits dans les différentes formes galéniques à savoir liquide, pâteuse et sèches. Pour l'année 2006, l'unité a mis sur le marché 21 produits comportant les différentes classes thérapeutiques (antalgique, anti-inflammatoire, cardio-vasculaires). Une trentaine de produits sont en chantier. M. Hedir, directeur de la production affirme que l'entreprise Biopharm a réalisé un volume de 4,5 millions d'unité de ventes et elle compte atteindre 6,5 à 7 millions d'unités pour l'année 2007. L'un des objectifs de l'unité de production de Biopharm dira M. Hedir, est d'être un site alternatif. " Ce qui nous permettra de produire des médicaments qui seront destinés à l'exportation vers l'Europe. Des contacts avec l'AFSSAPS sont en cours ", a t-il signalé. Avant de lancer les premières boîtes de production, l'entreprise a du investir dans la ressource humaine qualifiée, registre sur lequel l'Algérie, estiment les mêmes responsables, " accuse un retard considérable, notamment en matière de formation de cadres, et encore plus dans la formation spécifique à l'industrie pharmaceutique”. “A ce jour il n'existe pas de chaire de pharmacie industrielle, ni de centre de formation pour les techniciens afin d'assurer le bon fonctionnement des unités pharmaceutique", souligne Mme Bencheikh, pharmacienne , responsable au niveau de l'unité. Les plans d'enregistrement constituent aussi une des difficultés à laquelle est confrontée l'entreprise. Sur ces deux volets, “l'Etat, qui, au départ, avait imposé aux opérateurs l'obligation d'investir, n'a pas rempli, en contrepartie son rôle de régulateur, en mettant en place les mécanismes nécessaires pour le développement de l'industrie pharmaceutique nationale”, relève M. Hedir, directeur de l'unité. “Pire encore, les lenteurs dans l'enregistrement des produits pénalisent sérieusement les producteurs”, note t-il. " Ils sont contrains de gérer un stock qui risque d'être périmé avant même son AMM. ", dira t-il, en citant l'exemple d'un nouveau produit fabriqué par Biopharm qui n'existe pas en Algérie et qui attend d'être enregistré. Selon lui , des entraves subsistent également au registre du remboursement des médicaments. "Les médicaments attendent trois à six mois pour être remboursés. Alors que les nouvelles DCI attendent neuf à douze mois", a-t-il ajouté en soulignant que l'acquisition des produits pour la fabrication pose aussi un sérieux problème aux producteurs. Portant, regrette-t-il , “l'Algérie a tout pour se lancer dans une production pharmaceutique de qualité”. Avec les outils existants, on peut atteindre les 70% des besoins du marché national. A condition que les autorités affiche une politique claire et assure des mesures d'accompagnement suffisantes”.