Jusqu'à une date récente, l'enseignement supérieur n'accordait d'intérêt qu'à la transmission des savoirs au détriment de la taxonomie, pierre angulaire de tout apprentissage performatif. Le vice-rectorat chargé de la pédagogie de l'université Mohamed Khider a donc décidé d'organiser à chaque rentrée un séminaire national sur la pédagogie, « celui de cette année, que vous avez bien voulu honorer de votre participation, va aborder tous les aspects des sciences de l'évaluation », c'est en ces termes que B. Slatnia, recteur de l'universités de Biskra, a souhaité la bienvenue aux professeurs émérites et autres chercheurs représentant plus d'une vingtaine d'université d'Algérie et d'ailleurs, conviés à ce séminaire, le deuxième du genre, il faut le rappeler, à être organisé à Biskra. Dans son intervention, Mme F. Lakhdari, chef du département d'agronomie, a rappelé à l'intention des professeurs nouvellement recrutés que l'expression orale, pratique somme toute ordinaire de la communication courante, prend une tout autre dimension quand il s'agit de défendre un projet, convaincre un auditoire ou transmettre un message pédagogique, d'où l'intérêt de faire au préalable « un travail sur soi, très utile pour se mettre en confiance » et d'énumérer, façon Prévert, tout ce qu'un pédagogue qui se respecte doit maîtriser pour réussir le premier contact avec ses étudiants, insistant particulièrement sur la bonne posture à adopter, le choix des mots à prononcer, les inflexions de la voix à moduler et enfin la gestuelle personnelle dont il ne faut pas abuser. Très persuasif, en matière de communication, M. Barkat, chargé de cours en psychopédagogie, a affirmé sans crainte d'être contredit que les professeurs blanchis sous le harnois craignent le changement et que les nouveaux ne reçoivent aucune véritable initiation aux problèmes, comme ils ne s'intéressent d'ailleurs nullement aux résultats des recherches récentes dans le domaine des sciences de l'éducation et que « pas plus que dans sa formation initiale, l'enseignant n'est jamais incité à se perfectionner ». B. Ghaouti et M. Benbouziane de Tlemcen ne sont pas restés au stade du constat, même très critique, mais ont proposé « une méthodologie simple et rigoureuse comme stratégie pédagogique ». N. Zemmam et M. Djaber ont abordé l'évaluation prédictive par le biais de la préparation particulière de la situation d'apprentissage en sociologie. Par contre, en génie mécanique, les chercheurs du laboratoire LR3MI de Annaba révèlent que le système LMD (licence, master, doctorat), aussi nouveau et prometteur soit-il, dans l'enseignement par objectifs, demeure jusqu'à présent inopérant du fait que l'approche pédagogique « est restée très médiocre, voire stérile ». Enfin Dr N. Djaber et T. Ibrahimi, avec moult graphiques, ont fait ressortir dans une étude comparative des tests et des contrôles universitaires de deux départements voisins, la disparité criante des notes de l'évaluation sommative, et ce, d'un professeur à l'autre et d'un module à l'autre. La disparité des notes a fait aussi l'objet de débats contradictoires. Certains professeurs ont carrément dénoncé « les collègues qui, sachant pertinemment que la note va de 00/20 à 20/20, répugnent cependant à donner des notes éliminatoires pour ne pas décourager leurs étudiants », disent-ils. Quoi qu'il en soit, les distributeurs automatiques de zéro comme ceux qui se montrent prodigues en bonnes notes sont dans l'erreur ; à l'heure où les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) qui ont transformé l'univers en village planétaire, pour peu qu'on s'y intéresse et qu'on initie les étudiants à leurs arcanes, modifieront complètement la relation enseignant/apprenant en la mettant au centre de la démarche pédagogique moderne.