L'ex-P/APC d'obédience FLN de Ksar Chellala, à 116 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Tiaret, jusque-là sous le coup d'un mandat d'arrêt lancé à son encontre depuis plusieurs mois, s'est finalement rendu aux services de sécurité avant-hier et présenté hier en compagnie de seize autres inculpés au magistrat instructeur près le tribunal de Tiaret qui a décidé de reporter l'audience à lundi prochain. L'ex- P/APC, trois autres élus (un FLN, un PRA et un RND) sont poursuivis tout autant que treize autres personnes dont des entrepreneurs et des employés de l'APC pour « détournement de biens publics et faux et usage de faux ». Suspendu par le wali depuis juin 2005 au terme d'enquêtes administrative et policière sur les nombreux dépassements, alors que la ville était assiégée par des manifestants, le principal prévenu s'est vu signifier un mandat d'arrêt, mais n'avait pas répondu à la justice pour des raisons qui seraient liées à une maladie. Sa suspension de la tête de l'APC de Ksar Chellala était intervenue dix jours après le soulèvement populaire qui a fait un mort et plusieurs blessés dont des policiers durant l'été dernier. Selon des sources au fait du dossier, l'enquête aurait dévoilé beaucoup de dépassements liés à la gestion opaque de deniers publics en recourant à l'utilisation de faux cachets pour l'établissement de factures pour les besoins de marchés publics à travers une entreprise dite des grands travaux dont les enquêteurs n'auraient pas trouvé de traces. Une entreprise écran par laquelle passaient certains marchés juteux. Nonobstant les frais de mission jugés exorbitants qui induisaient systématiquement des absences, les enquêteurs auraient établi une gestion tout aussi anarchique dans l'emploi et on a même parlé de registres du commerce établis au nom de proches. Une affaire qui avait constitué en son temps un trop-plein de rancœurs des jeunes qui avaient déversé leur colère sur tout ce qui symbolisait l'Etat en brûlant et en saccageant plusieurs édifices publics. L'ex-maire, enseignant et ex-syndicaliste quelque peu coté sur la place locale, était aussi en proie à des intrigues politiques de la part de certains membres de sa formation politique, le FLN, mais son comportement avait était jugé par les uns comme un prétexte pour le détruire et de scandaleux par d'autres. La question qui reste posée et qui taraude les esprits de milliers de jeunes Chellalis, dont certains ont tenu à nous faire part hier de l'événement, semble tourner vers l'avenir et les perspectives pour leur région qu'ils estiment toujours marginalisée, alors que l'Etat, c'est de notoriété publique, consacre beaucoup d'efforts pour un relatif décollage économique et à d'autres de faire de longs et incessants plaidoyers pour donner un statut de wilaya à cette ville, troisième en importance après Tiaret. Avec celui de l'ex-maire de Ksar Chellala, c'est le troisième P/APC qui se retrouve ainsi derrière les barreaux après l'emprisonnement des maires de Médrissa, presque pour les mêmes motifs, ainsi que celui de Sidi Abderrahmane pour une sombre affaire liée à l'embauche de son fiston.