Deux jours après la clôture des premières assises nationales de l'industrie, le Front des forces socialistes réagit au projet gouvernemental portant mise en œuvre pour les 10 à 15 prochaines années d'une nouvelle « stratégie industrielle ». Dans une déclaration rendue publique hier, le FFS met en garde contre les « implications graves » qu'induira cette stratégie sur l'avenir du pays, dont la « souveraineté sera fortement remise en cause ». L'« objectif recherché par les décideurs, partisans de l'ultralibéralisme et du bradage de l'économie nationale, et concepteurs, d'après le parti d'Aït Ahmed, de l'avant-projet relatif à cette politique, est d'amener l'Etat à se désengager du secteur industriel et à opérer une ouverture totale de l'économie au profit du capital étranger en marginalisant les opérateurs nationaux ». La stratégie proposée, indique le secrétariat du FFS, s'inscrit en droite ligne dans le processus de « démantèlement et de bradage de l'économie algérienne et ouvre le pays à la captation des ressources et du marché national par des forces étrangères, sans contrepartie équivalente ». L'avant-projet, estime le FFS, n'a « à aucun moment pris en considération les besoins économiques, sociaux, culturels et environnementaux des Algériens ». Le FFS critiquera la démarche menée sans « aucune évaluation » préalable du potentiel industriel existant, ni « prise en compte de l'expérience accumulée par le secteur public, par les PME et PMI et la main-d'œuvre algérienne ». Ses concepteurs ont, selon le FFS, fait l'impasse sur les « matières premières alors que leur transformation (constitue) un axe stratégique de développement ». « La stratégie, observe-t-on, porte uniquement sur le volet industriel hors hydrocarbures, sans intégrer des secteurs importants de l'économie tels que l'agriculture, les services et le BTP. » Le parti d'Aït Ahmed reprochera aux concepteurs de l'avant-projet de faire dans « l'exclusion », arguant du fait que ni « les syndicats autonomes ni les partis politiques n'ont été associés » à sa préparation. Le vieux parti d'opposition appellera les « forces sociales autonomes » à construire une « alternative économique et sociale durable qui sache préserver des secteurs stratégiques et à bâtir avec les moyens publics et privés une économie indépendante ».