Ils considèrent que le projet de Temmar ne met pas en valeur les capacités nationales. «Le document sur la stratégie industrielle porte beaucoup de lacunes». C'est en ces termes que se sont exprimés les représentants de l'Ugta sur la nouvelle stratégie industrielle dont les assises nationales ont débuté hier au Palais des nations. Les experts représentant la Centrale syndicale et qui sont MM.Zoghbi, Smati et Benlarbi, ont estimé que le projet du ministre des Participations et de la Promotion des investissements (Mppi), Abdelhamid Temmar, ne met pas en valeur les capacités nationales. Il y a absence, selon eux, d'objectivité, de diagnostic et de statistiques. «C'est un peu de l'inachevé», a déclaré M.Benlarbi. Par ailleurs, et selon certaines indiscrétions du ministère de l'Industrie, l'avant-projet sur la stratégie industrielle est une copie d'un document élaboré par le ministère de l'Industrie en 2002, sauf que quelques passages ont été réactualisés. D'ailleurs, relève la même source, les chiffres datent de 2002 et de 2003. Notons que la Centrale syndicale a réalisé, de son côté, un projet sur le développement du secteur industriel. Ce dernier a été même présenté au gouvernement lors de la dernière tripartite. La différence entre le projet de l'Ugta et celui de Temmar est d'ordre technique, relève M.Zoghbi. Le premier s'intéresse plus à l'investissement local, alors que le second se base sur les investissements directs étrangers (IDE). Justement, sur ce dernier point, le président de la République, dans un message adressé aux participants à ces assises, et lu par le chef du gouvernement, a relevé qu'il faut compter sur les efforts des investisseurs locaux. «La politique des IDE ne doit pas substituer l'action des acteurs étrangers à celle des acteurs nationaux publics et privés», estime le président de la République. Réagissant à cette déclaration, les représentants de l'Ugta retiennent un point positif de la part du chef de l'Etat pour les entreprises publiques. «Cela veut dire que les entreprises publiques ont toujours leur place», souligne M.Smati. Le président de la République ajoutera, dans ce sens, que la politique d'attractivité des IDE ne doit pas perdre de vue que les acteurs nationaux doivent être fortement impliqués dans la promotion du développement national. Les propos du chef de l'Etat viennent, en fait, rassurer les investisseurs nationaux qui ont soulevé des craintes quant aux avantages dont pourraient bénéficier les IDE dans cette nouvelle stratégie industrielle. En revanche, il a appelé les grandes entreprises économiques à renforcer leurs investissements et à se mettre à niveau, notamment par un recours appuyé au partenariat avec le secteur privé national et étranger. En outre, et sur la mise à niveau des entreprises, l'un des principaux objectifs de la nouvelle stratégie industrielle, le chef de l'Etat a relevé que le bilan des programmes lancés auparavant n'est pas à la hauteur. Ce sont, pour lui, des milliers d'entreprises qui devraient être mises à niveau et il appartient aux pouvoirs publics de dégager les moyens financiers nécessaires à ces programmes et d'amener les entreprises à y souscrire. Le président a insisté, également, sur le développement des ressources humaines qui se traduira par la formation d'une nouvelle élite. Il est question aussi de développer les PME qui relèvent d'un secteur porteur d'emplois. Le président Bouteflika a tenu à expliquer que l'implication de l'Etat dans la mise en oeuvre de la stratégie industrielle ne signifie nullement un retour à l'économie centralisée ou à la situation du «tout-Etat». Mais, il a indiqué que le désengagement de l'Etat de la sphère marchande se réalisera progressivement en commençant par les PME publiques. Selon le chef de l'Etat, les pouvoirs publics sont là pour favoriser et accompagner cette émergence d'entreprises. Pour la Confédération nationale du patronat algérien (CPA), engager le pays et faire adhérer les acteurs du développement, que ce soit les entreprises concernées par le projet, implique de réhabiliter, en premier lieu, l'Etat dans ses fonctions régaliennes de puissance publique. L'Ugta propose, pour sa part, le financement de la recherche scientifique à 1,5% du PIB au lieu de 0,5%.