Pour empêcher l'éclatement du Conseil français du culte musulman, le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, a proposé aux trois grandes fédérations (Grande Mosquée de Paris, UOIF et FNMF) de former des listes uniques pour le prochain scrutin prévu le 26 avril. Le nouveau conseiller chargé des cultes, Michel Lafon, doit rencontrer toutes les fédérations la semaine prochaine pour trouver un accord. La division du CFCM est bel et bien consommée. La crise couve depuis l'institution même de l'instance cultuelle musulmane. Dernier signe de cette crise, le début du Ramadhan, vendredi, a été annoncé séparément par les principales fédérations composant le CFCM. L'UOIF (proche des Frères musulmans) et la Fédération nationale des musulmans de France (proche du Maroc) ont refusé de répondre à l'invitation du président du CFCM, le recteur de la Mosquée de Paris, pour l'observation, jeudi soir, de la lune, au motif que l'invitation aurait été « tardive ». La Mosquée de Paris, mise en minorité du fait des modalités électorales du CFCM, n'a pas cessé de manifester son mécontentement, du fait que le résultat des premières élections ne représentait pas son influence réelle. Ce qui l'a amenée à réclamer les modifications des règles électorales pour les prochaines élections d'avril 2005. Le second motif de mécontentement du recteur de la Mosquée de Paris et président du CFCM, c'est l'activisme du courant fondamentaliste. Le troisième motif de mécontentement, c'est la politisation croissante du CFCM, qui s'est particulièrement manifestée à Doha quand le président de la Fédération nationale des musulmans de France, Mohamed Béchari, a rencontré Abassi Madani, président de l'ex-FIS. Sans compter les convoitises sur le contrôle du CFCM. Le président de la FNMF ne cache pas ses ambitions. L'alliance entre les modérés de la Mosquée de Paris et les autres courants a fait long feu. La crise gagne les régions. Le président du culte musulman de la région Rhône-Alpes, Kamel Kabtane, a annoncé sa démission du CFCM. A Marseille, les neuf membres de la fédération de la Grande Mosquée de Paris ont démissionné en septembre.