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« Nous revendiquons le statut de l'artiste »
Dahmane Ouzid (Réalisateur)
Publié dans El Watan le 04 - 03 - 2007

Dahmane Ouzid a décroché trois Fennecs d'or de la meilleure réalisation pour son film Le Retour. Après des études cinématographiques à Moscou, Dahmane Ouzid a intégré le 7e art par le biais de l'entreprise publique, l'ONCI. Il a, à son actif, deux prestigieux prix, dont une distinction à l'étranger en 1982 pour le film La Berceuse. Son film L'Absent a obtenu quatre nominations lors de la 1re édition des Fennecs d'or. Dans cet entretien, le réalisateur tire une énième fois la sonnette d'alarme concernant le statut de l'artiste.
Vous venez de remporter trois Fennecs d'or pour la meilleure réalisation. Quelles sont vos impressions ?
Evidemment, c'est une immense satisfaction pour moi de recevoir cette distinction. Je la prends comme un encouragement afin de continuer ma mission dans l'audiovisuel parce que c'est beaucoup plus une mission qu'un travail. Nous avons le devoir de présenter au public une image. Nous sommes le reflet de la société. Nous sommes, en quelque sorte, son miroir. C'est une satisfaction également parce que c'est aussi, en quelque sorte, la reconnaissance de la profession qui nous dit : « Tu nous représentes bien, continue de le faire. »
Quel est votre point de vue sur l'organisation de cette 4e édition des Fennecs d'or ?
Il y a autour de cette manifestation un tel engouement, une telle envie de participer à cette compétition qui est devenue incontournable que, d'un seul coup, nous voyons effectivement la difficulté immense pour les organisateurs de sa prise en charge. Je rappellerai, pour mémoire, que les deux premières éditions se sont déroulées au Théâtre national d'Alger. La troisième a eu lieu à la Coupole du 5 Juillet. La coupole est un espace beaucoup plus vaste qui a l'avantage de pouvoir contenir beaucoup de monde, mais le désavantage de ne pas être le lieu indiqué pour ce genre de manifestation. Il est clair que la 4e édition des Fennecs d'or n'a pas pu avoir lieu à la coupole à cause du concert de cheb Khaled et de Diana Haddad. Elle ne pouvait être réaménagée pour le lendemain. Mais maintenant, que signifie tout cela ? C'est tout simplement qu'Alger ne possède pas un grand palais des congrès qui pourrait donner toutes les commodités d'accueil et d'organisation voulues. Arrêtons de culpabiliser les organisateurs. Nous devons au contraire les encourager... Et puis, nous n'en sommes qu'à la 4e édition. Il ne faut pas comparer les efforts méritoires que nous faisons pour la promotion des arts audiovisuels avec les institutions étrangères (Césars, Oscars...) qui ont plus d'un demi-siècle de tradition. Donc, ne décourageons pas ces belles initiatives. Cette manifestation des Fennecs d'or a le mérite justement de faire parler d'elle. La critique veut tout simplement dire l'intérêt que nous portons tous à la pérennité de cette manifestation qui ira en s'améliorant afin qu'elle puisse être à la hauteur de l'attente de toutes les personnes qui se sentent concernées de près ou de loin.
Vous avez profité de la remise de votre prix pour revendiquer en direct sur l'ENTV encore une fois le statut de l'artiste. Votre discours a été applaudi pour la corporation...
J'ai dit sciemment, au moment de mon discours, décideurs salariés. Je le revendique. Il y a des fonctionnaires salariés dont le travail consiste à étudier le statut des artistes, et ce, depuis de nombreuses années. Il y a certains artistes qui n'ont pour vivre que les rémunérations de leurs prestations et à qui l'on interdit le droit de cotiser à la Casnos pour avoir comme tout citoyen le droit aux prestations médicales et à une maigre retraite en fin de parcours. Par exemple, à l'étranger, il y a des intermittents de spectacle qui cotisent et qui sont reconnus à leur juste valeur. Si on ouvre un registre du commerce, on existe. Le seul statut professionnel qui existe, c'est le salariat : c'est la création dans le cadre du registre du commerce ou bien la création dans le cadre du registre du commerce de Sarl, EURL ou bien pour les professions libérales. C'est toute une catégorie de professions (techniciens indépendants, artistes...) qui n'a pas de statut. Si je n'étais pas producteur-réalisateur au sein de Lotus Film avec un registre du commerce Sarl, je n'existerai pas. Je vous rappelle que nous sommes issus de la restructuration de l'audiovisuel. En réalité, ma véritable vocation, c'est d'être réalisateur mais je suis devenu producteur, d'une part, pour gérer ma carrière et, d'autre part, pour avoir une existence juridique. En somme, le statut de réalisateur indépendant n'existe pas en Algérie. Il n'y a aucune velléité à attaquer qui que ce soit de ma part ni au niveau du ministère de la Culture ni au niveau d'une autre institution. Néanmoins, j'estime que l'on met beaucoup de temps pour régler un problème, ne serait-ce que transitoirement. Je sous-entends au moins les cotisations à la Casnos pour les soins médicaux à moins que quelqu'un me dise que le problème est insurmontable. Et là, qu'on nous donne des raisons valables ! Peut être qu'il y a des raisons valables que l'on ne connaît pas. J'ai profité de ma distinction pour exprimer le maximum de choses. J'ai pris mes responsabilités, et ce, avec le support linguistique auquel je suis le plus à l'aise.
Vous êtes sur une comédie musicale entrant dans le cadre de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe 2007. Où en sont les répétitions ?
Ma comédie musicale La Petite place vide a été retenue pour être inscrite dans le programme de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe. Cette comédie sera une comédie chantante et dansante. Nous sommes en pleine présentation de ce projet. Nous allons entamer les répétitions d'ici peu. Le spectacle en question sera présenté d'ici à la fin de l'années en cours.


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