L'assemblée ordinaire de l'APC de Béjaïa s'est tenue dimanche sur fond d'une cohésion assez entamée. Le secrétariat de séance venait juste d'enregistrer les points proposés à l'ordre du jour que l'ambiance devint déjà électrique. Entamant l'un des points sensibles qu'est le problème des commerçants délogés de la place Ifri, le P/APC s'adressera directement à eux (dont quelques-uns assistaient aux débats). C'est ce qui a donné lieu à une prise de bec avec l'ensemble des élus. Ceux du RCD, rejoints par des élus indépendants, lui rappelleront qu'en vertu de l'article 60 du code communal, le P/APC accomplit des décisions rendues par l'assemblée. Dans cet imbroglio, le P/APC se retire faisant suivre un mandatement pour cause de « problème de santé ». Chose que l'ensemble des élus rejetteront exigeant la présidence de la séance par le P/APC étant donné que des questions posées lui étaient destinées et relatives au fonctionnement de l'assemblée, « un exécutif inexistant et des commissions dont la composition est jugée non proportionnelle aux poids des différents groupes élus ». Résultat des courses : une suspension de la séance avec promesse d'une suite non moins houleuse. Dans un rapport dont il nous a fait parvenir une copie à la veille de l'assemblée, Allaoua Mouhoubi, tête de file du groupe Echemaâ, dresse le bilan financier de l'exercice 2006 et un comparatif des apports de la fiscalité, qui constituent la quasi-totalité de la cagnotte du budget primitif, pour les trois exercices 2005, 2006 et 2007. La situation déclamée se traduit par « des projets d'équipement toujours en attente de réalisation alors que les quartiers de la ville se plaignent au quotidien des problèmes d'assainissement, de voirie, d'AEP et d'hygiène ». Pour cet élu, le climat de division qui règne dans cette assemblée ne pouvait que déboucher sur l'impasse faite sur les grandes questions de développement que sont notamment le site fragile de Sidi-Ali Lebhar, les grands ouvrages, un plan de circulation pour une ville qui étouffe, le centre d'enfouissement des déchets, le parc d'attraction et les nouvelles entités urbaines pour l'extension de la ville, hypothéquées en l'absence de POS. Sur le plan financier, le rapport fait ressortir des augmentations de dépenses dans la partie fonctionnement du budget, à l'exemple des couffins du Ramadhan dont le montant a grevé l'aide à l'autoconstruction rurale. On apprend que sur le montant des crédits disponibles à la fin 2005, près de 950 millions de dinars, seuls 35% ont été engagés durant l'exercice 2006. La léthargie de la commune de Béjaïa à la lumière des enseignements que suggère le rapport n'est pas le fait uniquement de la présente assemblée : plus de 65% des crédits sont le programme des années 2003-2004 et 2005. M. Mouhoubi précise en outre que les crédits engagés ne veulent pas forcément signifier que les projets sont tous en phase de réalisation (certains seraient encore au stade d'ouverture des plis ou d'ordre de services). Sur le plan des ristournes fiscales, la situation présentée est caractérisée en l'espace de deux ans par des moins values de l'ordre de 30% soit moins de 312 millions de dinars essentiellement au niveau de la TAP et de la TVA. Ce qui laisse croire à un affaiblissement de l'activité économique ou « au phénomène inquiétant de délocalisation ». Voila le fond de toile dans laquelle survient l'assemblée « ordinaire » de ce chaud mois de mars.