Erigée en commune en 1985 à la faveur du dernier découpage administratif, la municipalité de Souama, qui occupe la partie est de Mekla, accuse un retard considérable en matière de développement. Ne fonctionnant qu'avec les faibles subventions de l'Etat et les modestes budgets alloués dans le cadre des programmes communaux de développement (PCD), la commune de Souama n'arrive toujours pas à prendre son essor. Même si la municipalité présente de sérieux atouts d'intégration intercommunale et interrégionale du fait qu'elle soit limitrophe de plusieurs autres municipalités comme Azazga, Ifigha, Illoula, Aït Yahia, Aït Khellili et Mekla, l'enclavement est quasi total. « A Souama, tout semble à l'arrêt », soutiennent des citoyens rencontrés sur les lieux. Aucun programme de développement, communal ou sectoriel, n'a été retenu pour cette localité à vocation agricole. Cette situation, qui n'est pas sans conséquences fâcheuses pour la population, notamment la masse juvénile, s'est davantage compliquée au lendemain des élections locales d'octobre 2002 rejetées en Kabylie. Souama fait partie des communes gérées par des administrateurs. En l'absence de structures éducatives de base tels un centre socioculturel, une aire de jeux mais aussi une annexe d'un centre de formation et de l'enseignement professionnels (CFPA), les jeunes et moins jeunes de cette localité se trouvent livrés à eux-mêmes. Ils ne savent plus quoi faire de leur temps. Ils demeurent plus que jamais en quête d'eux-mêmes mais aussi d'un espace et d'une occupation qui pourraient les soustraire à l'ennui implacable qui les ronge à longueur d'année. « Les seuls endroits de distraction d'une jeunesse désœuvrée, désorientée et gagnée par un chômage qui ne cesse de prendre des proportions inquiétantes, sont les cafés maures ou la rue qui constituent les lieux privilégiés de contact avec les produits narcotiques », fait-on remarquer. Les jeunes et moins jeunes de Souama, notamment ceux qui sont éjectés prématurément des bancs de l'école, n'ont, aux côtés de leurs aînés, les vieux, que d'interminables parties de jeux de hasard pour meubler leur temps. Dans cette localité, les projets générateurs d'emplois sont quasiment inexistants, réduits à leur simple expression. Même le travail temporaire que proposait autrefois le particulier n'est plus offert à cette frange de la société qui ne demande, pourtant, qu'un minimum d'espace pour s'épanouir. Seules quelques rares associations de jeunes tentent tant bien que mal de canaliser cette jeunesse pleine d'énergie. Pour échapper à l'oisivité, elle est contrainte d'investir la rue ou le café maure. Ces espaces inorganisés et dangereux deviennent alors seuls refuges pour cette catégorie de la société plus que jamais exposée aux multiples fléaux sociaux.