L'Alliance atlantique, en charge de nouvelles missions, se met désormais au système «3D». Le moins que l'on puisse dire est que l'Algérie joue un rôle de plus en plus déterminant et incontournable dans le cadre du dialogue méditerranéen au sein de l'Otan. C'est, en substance, ce qui ressort de la conférence animée hier à la résidence El-Mithak par Jean-Pierre Juneau, ambassadeur canadien auprès de l'Otan au niveau de Bruxelles. Il en ressort que si l'Algérie a entrepris une coopération intensive avec l'Alliance atlantique depuis l'année 2000, celle-ci a connu une avancée qualitative sans précédent depuis le sommet d'Istanbul, qui a eu lieu au mois de juin dernier. C'est à cette occasion, en effet, qu'il a été décidé d'intensifier le dialogue avec les pays de la rive sud de la Méditerranée, le tout sur la base d'un document de base que chaque Etat a le droit d'enrichir ou de modifier selon ses propres besoins et spécificités. Le conférencier, qui souligne tout l'intérêt que porte le Canada à ce dialogue, attendu que ce pays, quoique éloigné de la Méditerranée est fort d'une importante communauté maghrébine, a tenu à relever «le caractère déterminant dans bien des cas de la coopération algérienne, notamment dans le domaine de la lutte antiterroriste». Loin de se contenter des simples bilans chiffrés relatifs aux manoeuvres navales effectuées entre l'Otan et les forces algériennes, le diplomate canadien a, au contraire, mis en avant «les demandes algériennes visant à moderniser et à mettre à niveau son armée». Très sensible à cette demande, au regard de l'efficacité d'Alger quand il s'agit de la lutte contre le crime international, le terrorisme ou même les actions diplomatiques visant à prévenir les conflits ou à les juguler, l'Otan est en passe d'établir des relations particulièrement privilégiées avec notre pays dans différents domaines. Différents domaines, tout simplement, comme le souligne Jean-Pierre Juneau, parce que l'Otan a elle aussi sensiblement évolué depuis la fin de la guerre froide. Celle-ci se met désormais au système «3D». Celui-ci signifie que les trois objectifs que se fixe l'Alliance sont la diplomatie, le développement et la défense. «Il y a bien longtemps, indique cet ambassadeur, reprenant à son compte les déclarations initialement faites par le secrétaire général de l'Otan, lors de sa récente visite à Alger, que cette Alliance a compris que la force militaire ne suffit guère à assurer la paix dans le monde». Là encore, il est question de «monde» et non plus question d'Atlantique, d'Europe et de Méditerranée, ce qui sous-entend que l'Otan étend son champ d'intervention à la planète entière, comme c'est déjà le cas en Afghanistan et en Irak, alors qu'il pourrait bientôt être question d'assistances diverses à l'UA (Union africaine) pour venir à bout de la crise du Darfour, mais aussi entamer un dialogue avec l'Autorité palestinienne. La conclusion de cette conférence hautement symbolique, qui donne toute la pleine mesure qu'occupe notre pays, sollicité de toutes parts, c'est que l'Otan s'assigne pour tâche présentement d'être un «acteur politique de premier plan non pas seulement sur le plan militaire, mais au contraire en favorisant le développement du progrès, de la liberté et de la démocratie partout dans le monde». Ici, si le Great Meadle East semble rejoindre le même but avec des moyens un tantinet différents, l'Algérie est à la pointe dans ce domaine. Le conférencier n'a, en effet, pas manqué de souligner le rôle majeur joué par notre pays dans les grandes étapes franchies en direction du vrai progrès universel par le monde arabe lors du dernier sommet d'Alger, cela, au moment où Alger n'a eu de cesse de signifier ne pas être du tout concernée par le fameux GMO américain.