Après avoir supporté toutes les remarques acerbes, et parfois méchantes de la défense et les remises à l'ordre sévères de la présidente, durant tout le procès, le procureur général, Abdelli, finit par donner une leçon. Derrière cette carapace de « gherak » (celui qui charge les accusés), il donne une autre image. Celle du défenseur acharné de la société. Il lance un message très fort aux avocats et aux médias : « Encouragez ces vrais procès. Ne brisez pas les volontés », dit-il, précisant ne pas vouloir gâcher le fête du 8 mars, pour user de son droit de réponse, comme le prévoit l'article 304 du code de procédure pénale, en reprenant toutes les remarques soulevées par les avocats durant les plaidoiries. Il se contente d'apporter uniquement quelques précisions, et quelles précisions. « Durant mon réquisitoire, je ne suis jamais sorti du contenu de l'arrêt de renvoi et de l'audition des accusés par le tribunal. Je défends une affaire juste. La défense de l'accusation est celle de la société. Je n'ai à aucun moment touché à la dignité des accusés ou à celle des avocats. Je peux plaider durant plusieurs autres jours, le code de procédure pénale me le permet. Durant les deux mois du procès, les avocats ont défendu les accusés et le parquet général a défendu la société et, à ce titre, à aucun moment je n'ai parlé d'autre chose ». Il répond à maître Khaled Bourayou qui, dans sa plaidoirie, a souhaité que l'hommage rendu à la presse ne soit pas circonstanciel. « J'ai rendu hommage à la presse avec une profonde conviction. J'ai parlé de la réforme de la justice, également par conviction. Je rends également hommage aux avocats, notamment les plus jeunes, qui ont présenté de véritables recherches lors de leurs plaidoiries (…) et je laisse les offenses inacceptables de côté. Je voulais rétablir quelques vérités, mais cela a été déjà fait par maîtres Brahimi et Menasria. » Le représentant du ministère public affirme que durant les 60 jours de procès, marqués par une audition publique et une libre expression et à ce titre, ajoutera-t-il, il exhorte l'assistance à « ne pas briser la volonté des juges et des institutions qui ont permis cela ». Selon lui, « il est très facile de faire des discours politiques à partir de cette tribune, mais il est extrêmement difficile de respecter la procédure. J'ai veillé durant des années pour faire ce devoir. Si nous sommes tous là, c'est parce qu'il y a eu violation de la loi et si j'ai parlé de réforme, c'est parce que ce tribunal a ramené ici des ministres en activité et d'autres hauts responsables de l'Etat. Ils ont été convoqués par le parquet général. Encouragez ces vrais procès. Ne brisez pas les volontés ». Il fait remarquer que le travail de la justice n'a qu'un seul but pour toutes les parties concernées, celui d'arriver à la vérité. « Mais avec la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Je voulais répondre à chacun de vous dans l'intérêt de la justice, pour la vérité mais pas pour des personnes. Malgré ce que j'ai entendu de blessant, je l'ai accepté dans le cadre de la loi. Ce n'est qu'une expérience, alors joignons nos efforts pour travailler dans l'intérêt de notre pays et de la justice. » Il s'adresse à maître Chorfi, qui avait plaidé un peu plutôt (voir article) pour Réda Abdelwahab, pour le remercier pour la rose rouge qu'il lui a offert, en précisant qu'il aurait aimé qu'elle ne soit pas vénéneuse et avec autant d'épines. « Je regrette, nous ne sommes pas dans un stade de football, mais dans un tribunal. Je fais mon devoir, pour lequel j'ai prêté serment. Nous ne sommes pas non plus dans un match, à plus forte raison lorsque vous vous autoproclamez arbitre et entraîneur, en même temps, pour violer les règles du jeu et me sortir deux cartons jaunes et un rouge. » Finie la plaisanterie, il déclare que l'avocat, et contrairement à ce qu'il a déclaré, n'est pas né un 8 mars. « J'ai consulté le document que vous venez de me remettre et je vois que votre anniversaire n'est pas le 8 mars, comme vous venez de l'affirmer. J'aurais aimé que cela soit le cas. Mais non, j'ai vérifié », souligne-t-il avant de conclure son intervention par une seule phrase : « Je n'ai parlé qu'au nom de la société que je représente. »