A partir d'hier, samedi, 35 magistrats ayant qualité de procureur de la République sont en formation à Alger. Rien n'a été dit sur le contenu de la formation qui durera plusieurs jours. Des sources proches du ministère de la Justice ont indiqué qu'elle comprendra des approches sur la présomption d'innocence et la mise sous mandat de dépôt, la responsabilité des juges et la justice de proximité, la protection judiciaire de la jeunesse, la lutte contre la corruption et le grand banditisme, les relations des magistrats avec le barreau, les auxiliaires, la presse, la justice et les gens de la presse… Quelques mois auparavant, le Conseil de l'Ordre des avocats de Annaba invitait ses membres à faire appel à leur Conseil en cas de dépassement d'un magistrat lors de l'exercice de leur fonction. « Il s'agit de la mise en application des dispositions retenues lors de la réunion organisée par le ministre de la Justice avec les représentants des bâtonnats au niveau national. Cette démarche préconisée par le ministre consiste en la tenue d'une réunion bi-mensuelle au niveau local entre le chef de cour et alternativement, les avocats, les huissiers, notaires, experts de justice, directeurs de maisons d'arrêt… Aujourd'hui, je peux affirmer que tous les problèmes majeurs ont été résolus », a affirmé Me Amara Abderrahmane, délégué principal au bâtonnat de Annaba. La mise en application de ces dispositions a permis une amélioration dans les relations de travail entre le ministère, les avocats, huissiers et notaires. Ces deux événements majeurs, éloignés de 600 km l'un de l'autre, indiquent que la justice bouge. Notamment à Annaba, forte de quelque 650 000 habitants, wilaya longée de cités et de bidonvilles où le chômage a atteint son paroxysme. La situation sociale y est alarmante. Elle se répercute sur la justice à laquelle on demande de prendre en charge l'ensemble des fléaux. Tant et si bien qu'à force de devoir répondre à tout, cette justice s'engorge. Ces deux dernières années, elle s'est transformée en machine qui sanctionne, souvent durement et de façon inefficace. Les magistrats des 7 tribunaux sous la compétence territoriale de la Cour de justice de Annaba sont débordés. Depuis des mois, quotidiennement, ces magistrats traitent des centaines d'affaires. Correctionnelles, civiles, économiques ou administratives, ces affaires sont souvent complexes. Ce qui donne, au prétoire, des avocats contraints de limiter leurs plaidoiries pour ne pas avoir à excéder des magistrats bien fatigués. Deux grosses affaires font l'objet de grandes discussions dans la place publique locale. L'une concerne l'Assemblée populaire communale de Annaba. Plus d'une quarantaine de personnes, dont certains ont été placés sous mandat de dépôt, comparaîtront à la barre pour répondre de détournements de deniers publics, passation de marchés contraire à la réglementation, trafic d'influences… La seconde concerne la gestion du stade du 19 Mai. L'expert désigné par la justice n'arrête pas de découvrir quotidiennement des anomalies dans cette gestion. La toute récente porte sur le paiement par chèque d'une facture de 130 000 DA représentant les frais de restauration d'un groupe de 5 personnes. L'établissement qui a fourni la prestation de service ne commercialise pas les boissons alcoolisées. Les 5 personnes étaient certainement des ogres insatiables au point de consommer en alimentation seulement, 130 000 DA.