Les enseignants du lycée Emir Abdelkader ont décidé de suspendre leur grève qu'ils ont déclenchée il y a plus de deux mois et de reprendre les cours à partir d'aujourd'hui. Une décision motivée non pas par le verdict du juge des référés de la chambre administrative du tribunal de Abane Ramdane qui s'est déclaré « incompétent » pour statuer sur l'illégalité de la grève, mais plutôt par le souci du collectif des enseignants de ce lycée d'éviter une année blanche aux élèves de cet établissement. Le collectif des enseignants grévistes de cet établissement s'est montré, en effet, sensible « aux marques de solidarité » et aux « préoccupations » de leurs élèves qui redoutaient que l'année soit sacrifiée pour eux, selon Redouane Osmane qui animait hier une conférence de presse au siège du Snapap, à Belfort, Alger. Il ajoute : « Nous aurions pu opter pour le maintien de la grève car, à notre sens, l'arrêt intenté par l'Académie sur instruction du ministère de l'Education signifie que notre grève est légale. » Le juge des référés de la chambre administrative du tribunal de Abane Ramdane, saisi d'une requête de l'Académie d'Alger pour statuer sur l'illégalité de la grève des enseignants, a rendu, rappelons-le, dimanche un arrêt où il s'est déclaré incompétent. Il s'est prononcé également pour une reprise des cours sans astreinte. Aux yeux de M. Osmane qui s'exprime au nom de ce collectif, le deuxième alinéa de l'arrêt du juge est « contradictoire » au premier. Ce qui invite l'orateur à dire qu'il est persuadé qu'« il y a un réseau d'intérêt dans l'éducation qui tente de pousser le conflit du lycée Emir Abdelkader au pourrissement ». Ce réseau est, selon lui, prêt à sacrifier la scolarité des élèves pour protéger un chef d'établissement, à ses yeux, « sans envergure » et « coopté pour faire obstacle à toute activité syndicale ». En tout cas, selon M. Osmane, c'est face à ces « enjeux » que le collectif était contraint par l'obligation morale de faire le choix de suspendre la grève le mercredi (aujourd'hui, ndlr) pour ne pas compromettre la solidarité des élèves. Le collectif gréviste s'engage néanmoins à continuer le combat pour le départ du chef d'établissement, en l'occurrence le proviseur Fatma Zohra Mansouri. « Nous ne voulons pas d'un proviseur dictateur, mais d'un proviseur pédagogue », criaient hier certains enseignants conviés à la conférence. Pour eux, ce responsable « bénéficie de l'impunité dans sa gestion patrimoniale du lycée, dans ses dépassements, son arbitraire et la prolifération du phénomène du tout permis qui a gangrené l'acte pédagogique et la gestion du lycée Emir ». Une délégation de ces enseignants grévistes était avec l'inspecteur de l'Académie d'Alger pour préparer la reprise des cours à partir d'aujourd'hui. Les enseignants voulaient être surtout rassurés qu'aucun contractuel ne fera l'objet de « sanction » et que l'application de la décision du départ du proviseur de leur établissement sera effective. Pour le rattrapage des cours pour les futurs bacheliers notamment, les enseignants grévistes se sont engagés devant les élèves, selon M. Osmane, à créer les conditions de réussite pour les bacheliers.