Le handicap, quelle que soit sa nature, ne doit pas constituer un obstacle pour l'accomplissement d'une destinée humaine. Il n'y a pas d'atteinte invalidante au point qu'elle puisse priver des individus de la possibilité de s'insérer dans leur société et de contribuer à ses avancées. Dans ce contexte, il y a des solidarités à mettre en œuvre et des jonctions à établir avec tous ceux qui, relevant d'un handicap, ne sont pas pour autant passibles de seules postures de compassion. Sinon, ce seraient autant de souffrances morales qui s'ajouteraient aux limites physiques. De ce point de vue, c'est le devoir de chaque citoyen de s'inscrire dans cette culture de l'altérité et de se persuader que cela n'arrive pas seulement à ceux qui l'éprouvent. C'est à la fois des idées reçues et un environnement mental chez les personnes réputées valides qui sont à repenser. Sous d'autres cieux, le handicap est transcendé par la valeur intrinsèque de l'individu et à cet égard, il y a des parcours exemplaires dans nombre de disciplines, que ce soit dans la recherche scientifique, les arts ou la pratique sportive. Dans les pays émergents, les solidarités restent agissantes, mais elles sont dans une large mesure parasitées par la précarité. Cela rend les institutions étatiques et les ONG plus directement impliquées dans le développement de stratégies propres à assurer l'insertion des personnes handicapées dans la vie active. Mais la volonté politique seule ne suffit pas si elle n'est pas doublée d'une adaptation du marché de l'emploi à de nouvelles configurations d'effectifs. Ce n'est pas forcément les personnes handicapées, souvent fortes d'un appréciable quotient intellectuel, qui sont inaptes au travail, mais les dispositifs en usage qui sont implacablement sélectifs, car l'accès à l'emploi est soumis à des règles non écrites, comme le clientélisme ou le favoritisme. Les personnes handicapées s'en trouvent encore d'autant plus pénalisées, car victimes d'une vision sectaire et exclusive. C'est ce qui explique une rétrogradation pernicieuse des personnes handicapées dans les espaces de tous les préjugés. L'Etat est au-dessus de telles attitudes qui lui imposent de protéger des citoyens qui le sont à part entière. Pas seulement sans doute par rapport au droit au travail, mais dans celui qui concerne les aménagements de l'environnement qui permettront aux personnes handicapées de se déplacer en ville dans des conditions d'accessibilité et de sécurité. Le moins qui puisse être fait, à cet égard, participera à restaurer des solidarités dissipées par un développement économique qui ignore souvent le facteur humain. C'est pour cela qu'une journée aussi essentielle que celle dédiée au handicap ne doit pas être le prétexte de déclarations de principes non suivies d'actes. Le handicap ne peut alors pas être exposé comme une fatalité mais conduit à faire agir tous les acteurs d'une prise en charge qui ne peut s'adosser que sur les réseaux associatifs les plus immergés dans une problématique qui est plus largement l'affaire de tous. Car sur ce terrain, nul ne peut savoir de quoi sera fait demain.