Attentats terroristes et luttes antiterroristes se déroulent en Algérie dans un double contexte national avec un climat d'instabilité préélectoral et international, plongé dans les logiques de la « global war » contre le terrorisme drivée par Washington. Après la mise en déroute du Groupe islamique armé (GIA) en débusquant ses derniers antres dans les maquis des hauteurs de Blida et à Aïn Defla, les forces de sécurité devaient se concentrer sur la donne GSPC, qui désormais se dénomme Al Qaïda au Maghreb islamique. Cette dernière organisation, dont étrangement les effectifs semblent garder la même rigueur – entre 300 et 700 éléments – selon des chiffres officiels, bénéficie d'une inquiétante mobilité. Attaquant à la lisière ouest d'Alger (attentat de Bouchaoui contre les travailleurs de BRC) et montant des embuscades et des attaques à la voiture piégée à Boumerdès et à Tizi Ouzou ou explosant un bus d'ouvriers russes à Aïn Defla, l'organisation salafiste semble se maintenir au rang d'ennemi numéro 1 des forces de sécurité. Ces derniers marquent des points surtout au niveau du démantèlement des réseaux de soutien logistique (Blida, JijelSkikda, Boumerdès, ces trois derniers mois), mais, comme le souligne notre collègue de Tizi Ouzou, les grandes opérations de ratissage dans le fief du GSPC sur les hauteurs de la Kabylie « donnent rarement des résultats positifs ». D'abord à cause des événements qu'a vécus la région depuis 2001 et la désintégration du filet sécuritaire en Kabylie. Ensuite, comme toujours, le politique suit rarement. Les lois d'amnistie – même théoriquement limitées dans le temps – signées par le président Bouteflika auraient, selon les observateurs, affaibli le moral de la lutte antiterroriste. Alors qu'au même moment, le climat international favorise les efforts de lutte antiterroriste, d'Irak aux Philippines, du Maroc en Somalie, en Europe et en Amérique du Nord. Jamais les services algériens par exemple n'ont eu à ce point accès aux technologies de pointe en matière de traque des réseaux djihadistes, jamais depuis le Plan Condor en Amérique latine dans les années 1970, une coopération sécuritaire internationale n'a existé. C'est en pleine menace effective d'attentats en milieu urbain à la veille des élections législatives, que l'on annonce que des chefs « trêvistes » de l'ex-Armée islamique du salut, autodissoute en 2000, décident de s'inscrire sur des listes d'un petit parti. Quelle sens donner alors à la lutte antiterroriste ?