La menace du Groupe salafiste pour la prédication et le combat de s'en prendre aux intérêts étrangers est prise au sérieux. L'Afrique et le Moyen-Orient attirent autant qu'ils inquiètent. Les activités terroristes dans le Moyen-Orient et le nord de l'Afrique continuent à être un souci majeur dans la guerre globale sur le terrorisme pour les services de renseignements américains. D'ailleurs, selon des sources diplomatiques, plusieurs capitales craignent un passage à l'acte des menaces terroristes. Les mêmes sources ont révélé que des enquêtes sont menées en étroite collaboration entre Alger, Tunis, Paris, Bruxelles, Londres et Washington pour mettre à jour la connexion entre les différentes factions terroristes installées aussi bien à l'intérieur de l'Algérie, de la Tunisie qu'à l'étranger, notamment à Bruxelles, Londres et Paris. Ces capitales sont convaincues que le groupe terroriste Al Qaîda tente de se restructurer au Maghreb pour faire de l'ouest de la Tunisie sa base-arrière d'attaques contre l'Algérie et l'Europe. Les derniers attentats commis en Tunisie et visant les ambassades américaine et britannique ont mis la puce à l'oreille des services chargés de la lutte antiterroriste. Sur un autre plan, les services de renseignements de ces pays ont réalisé un rapport sur les capacités des services de sécurité tunisiens quant à leurs capacités relatives à la lutte antiterroriste. En outre, une délégation américaine comprenant plusieurs stratèges, spécialistes de la lutte antiterroriste, s'est rendue la semaine dernière, à Tunis. Par ailleurs, les mêmes sources diplomatiques ont affirmé que des agents du Bureau des investigations et de la lutte antiterroriste des services de renseignements américains, britanniques et français ont délégué plusieurs de leurs limiers en Tunisie dans le but de déterminer de façon précise la capacité de riposte des services de sécurité tunisiens dans le cas où il y aurait un regain d'activité des groupes terroristes d'autant plus que la Tunisie n'a pas été confrontée à une activité terroriste depuis longtemps. Le dernier attentat remonte au 11 avril 2002 quand Al Qaîda avait attaqué la synagogue de Djerba. Par ailleurs, les derniers attentats commis à Hammam-Lif et Soliman prouvent que le terrorisme est un phénomène transnational. D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur et des Collectivité locales, Nouredine Yazid Zerhouni, a admis l'éventualité de liens entre le Gspc et le groupe armé islamiste tunisien neutralisé début janvier au sud de Tunis. «Les informations en notre possession n'écartent pas une possible liaison entre ce groupe (islamiste tunisien) et le Gspc», a déclaré Zerhouni. Et d'ajouter que les services de sécurité des deux pays travaillent en étroite collaboration depuis plusieurs années. Une collaboration qui s'étend depuis les attentats de Tunis à plusieurs capitales, notamment, Washington qui s'est mise de la partie depuis les attentats du 11 septembre 2001. Ainsi, longtemps délaissée, l'Afrique devient, du coup, le centre d'intérêt de plusieurs capitales. On entend traiter avec elle de questions commerciales, économiques, politiques et même militaire. C'est que l'immense région de l'Afrique et du Moyen-Orient représente un marché de près de trois milliards d'habitants, capable d'absorber des produits au coût unitaire très bas. Mais, c'est surtout sur le plan sécuritaire que la région est sollicitée. En effet, l'annonce du Pentagone de la création d'un nouveau commandement militaire, l'US Africa Command ou Afcom, est loin d'être fortuite dont le siège n'est pas encore choisi. Contactée, Alger a poliment refusé, aussi on parle du Cap-Vert. Par là, les Américains et Européens manifestent le souci de leur propre sécurité. D'ailleurs, la présence des forces américaines dans le continent ne cesse de croître. Une présence, certes, justifiée par les différents conflits, notamment au Tchad et en Centrafrique, menacés d'une déstabilisation. En Algérie, le Gspc affiche une vocation internationaliste, au Maroc d'abord, en Tunisie ensuite. Aussi, Washington redoute des connections entre les islamistes somaliens et des réseaux d'Al Qaîda, présents et actifs, selon des analystes, notamment dans les pays subsahariens, Mali et Niger surtout. De ce fait, la lutte antiterroriste est devenue l'affaire de tous. En pareille matière, coordonner l'action est un impératif absolu.