Le terrorisme international s'est particulièrement rabattu sur l'Algérie parce qu'il y trouve un terrain favorable. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, Farouk Ksentini, pense que l'Algérie est un terrain favorable à l'activisme de la deuxième génération du terrorisme. «Le terrorisme international s'est rabattu sur le Maghreb, particulièrement sur l'Algérie parce qu'il y trouve un terrain», a-t-il déclaré, hier, sur les ondes de la Radio Chaîne III. Une déclaration qui, le moins que l'on puisse dire, provoque des vagues sur une surface trop agitée déjà. La cartouche a quitté le canon. Contraint d'étayer ses dires, en raison de leur portée, Farouk Ksentini explique que notre pays vient de sortir d'une «période extrêmement perturbée», ce qui l'expose encore, de fait, aux attentats de la nébuleuse Al Qaîda. Me Ksentini a soutenu, sur sa lancée, que le terrorisme est actuellement une affaire planétaire qui n'épargne aucun pays. Son point de vue rejoint, en quelque sorte, les lectures selon lesquelles le terrorisme politique est vaincu, évinçant encore, d'un revers de la main, d'autres interprétations qui vendent l'idée d'un terrorisme issu des maux sociaux en Algérie. Il y a encore du suspense dans les propos de Maître Ksentini, ce qui l'incite à préciser que si l'Algérie représente encore «un terrain favorable au terrorisme», c'est parce que «des réseaux terroristes n'ont pas été complètement démantelés», en dépit d'une lutte acharnée et sans merci de la part des services de sécurité algériens. Autrement dit, c'est un terrorisme résiduel qui s'est mis sous la casquette de l'organisation criminelle de Ben Laden qui fait de l'Algérie un terrain propice à l'activisme terroriste. Un troisième justificatif. «Après 15 ans de lutte antiterroriste, il y a une espèce de lassitude, autrement un relâchement moral», soutient derechef le président du mécanisme ad hoc institué pour juguler le casse-tête des disparus. Les déclarations de Ksentini, même si elles sont suffisamment couvertes de gages de crédibilité, risquent, néanmoins, de faire apparaître de nouveaux motifs d'inquiétude quant à la dégradation du climat sécuritaire. A bon rat bon chat, Farouk Ksentini recommande d'opposer plus de moyens de lutte à cette deuxième génération du terrorisme qui met l'Algérie dans la ligne de mire. La réconciliation nationale, même si elle est en fin de parcours, d'après M.Ksentini, «représente néanmoins une forme de lutte antiterroriste, tout comme celle menée par les services de sécurité qui n'ont jamais cessé de lutter contre le terrorisme». A en croire le président de la Cncppdh, il y a bel et bien un changement de méthode et de commanditaires chez les groupes terroristes, ce qui veut dire que les terroristes sont passés de la stratégie des assassinats à celle des explosifs et des kamikazes. Quant aux commanditaires, il ne s'agit pas, pour Me Ksentini d'une question d'inspiration, mais d'une mise à disposition de la nébuleuse Al Qaîda. «Il faut donc changer de méthode de lutte» et s'adapter aux nouvelles donnes, tel qu'annoncé déjà par Zerhouni depuis Tamanrasset. Le ministre de l'Intérieur a déclaré que les effectifs de la Police et de la Gendarmerie nationale seront doublés dans peu de temps et qu'il est plus que jamais nécessaire de passer à la vitesse supérieure dans la lutte antiterroriste. Une chose est sûre, les effectifs de l'Armée nationale et tous les services de lutte antiterroriste sont plus que jamais présents sur le terrain. Al Qaîda n'a pas de place en Algérie même si celle-ci «est un terrain favorable à l'activisme terroriste», comme le suppose Farouk Ksentini.