Funeste journée du 15 mars 1962 ! A une encablure de la fin d'une guerre destructrice, six éducateurs tombèrent sous les balles assassines des terroristes de l'OAS. Leurs noms : Aymart, Basset, Feraoun, Hammoutène, Marchand et Ould Aoudia. Ils étaient épris de justice et de promotion pour les pauvres et les déshérités. Nous livrons à nos lecteurs le témoignage vivant d'une personne qui avait assisté au carnage. Ce témoignage est consigné dans le livre Rêve et Testament publié en 1982 par l'Enal. L'auteur, Mohamed Farhi, est un ancien élève de Abdelhamid Ben Badis à la medersa de Constantine. Il embrassa la carrière d'instituteur et la clôtura en tant qu'inspecteur de langue française. L'abominable crime s'était déroulé sous la fenêtre de l'appartement d'astreinte qu'occupait khalti Messaouda à l'intérieur de Château Royal, à Ben Aknoun. Ecoutons la vieille dame relater la scène. Elle s'adressait à des élèves accompagnés par leurs enseignants et venus se recueillir devant la plaque commémorative sur le lieu du crime. A travers ce témoignage, nous avons une une page d'histoire vivante. Les jeunes générations d'enseignants se doivent de la connaître. Elle nous apprend que « le plus beau métier du monde » est porteur de nobles valeurs, telles que la tolérance et la fraternité entre les humains. Aymart, Basset, Feraoun, Hammoutène, Marchand et Ould Aoudia en étaient de fiers ambassadeurs. Des qualités qui les désignaient comme cibles potentielles aux ennemis de la liberté et… de l'Algérie. Le devoir d'humanité est cet appel intérieur aussi puissant que le patriotisme. Il est le label des vrais éducateurs. Feraoun et ses cinq frères de combat l'ont accompli dans la dignité et la passion… de leur métier. Au prix de leur vie !