La question est devenue récurrente depuis qu'une déviation a été installée- apparemment dans la durée- afin de corriger des imperfections apparues sur l'ouvrage dont la construction remonte à octobre 2002. A l'époque, les travaux ne devaient durer que 10 mois. Mais, dès les premiers coups de pelles mécaniques, les usagers et les observateurs ne pouvaient que constater la série de malfaçons et d'errements dans l'agencement des travaux. Programmée pour absorber la circulation entre le centre de Stidia et le hameau qui se trouve en bord de mer, la trémie allait provoquer un cafouillage indescriptible sur ce tronçon très fréquenté de la RN11, qui relie Mostaganem à Oran grâce à une double voie. Tout semblait indiquer que l'étude préliminaire avait été sérieusement malmenée. Sinon, comment justifier le choix du site qui se caractérise par une topographie relativement accidentée, la présence de deux conduites d'eau chargées de faire parvenir l'eau à la population oranaise depuis la station de traitements des eaux du Chéliff. Elle-même alimentée à partir de l'oued éponyme mais également depuis le barrage du Gargar, situé sur le territoire de la wilaya de Relizane. Renforcement des conduites Pourtant, ce qui était évident pour le commun des mortels ne le sera pas pour les concepteurs de l'ouvrage qui avaient superbement ignoré la présence des conduites d'eau. Jusqu'au jour où des opérations de terrassements de grande envergure finiront par mettre en danger les grosses tuyauteries chargées d'eau. Ce qui aura pour conséquence immédiate une réaction de l'ADE, propriétaire des canalisations qui exigera du maître de l'ouvrage un rapide renforcement de ses conduites. Entre-temps, des quantités considérables de sable avaient été extraites dans les environs immédiats du chantier. Une rare aubaine qui allait attirer pendant plusieurs mois des camionneurs venus de toutes parts prendre possession du précieux sable. Une véritable carrière à ciel ouvert allait être montée au vu et au su de tout le monde. La sablière prendra une ampleur telle que certains croiront pendant longtemps qu'il s'agissait du véritable chantier. L'ouvrage peinait à prendre forme, faisant reculer les délais et augmenter la facture. Car, le simple échangeur dont les travaux entamés en octobre 2002 devaient se terminer en 10 mois, s'était transformé subrepticement en un véritable casse-tête pour les usagers de cet axe routier parmi les plus importants du pays. Une tournure qui n'échappera pas à la vigilance des élus de l'APW qui attireront alors l'attention de l'ensemble de l'exécutif. Mais, ce fut un simple feu de paille. Hantise des usagers Il y eut ensuite le départ à la retraite du DTP et son remplacement par son collègue de Tissemsilt. Malgré sa bonne volonté évidente, ce dernier ne fera que constater les dégâts et en informera la tutelle. Car, non seulement les travaux s'éternisaient mais la facture était régulièrement révisée dans le sens de la hausse. Si bien qu'à sa livraison, l'ouvrage aura englouti pas moins de 28 milliards de Cts. Mais, dès sa livraison à la circulation, le pont fera beaucoup de grincheux. En effet, ni sa dénivelée qui sert à épouser la forme du virage, ni la plateforme ne s'avèreront satisfaisantes. Tous ceux qui emprunteront ce passage feront remarquer l'incongruité de la situation. Pendant plus de deux années, ces imperfections ne feront réagir aucune autorité. C'est à l'initiative de l'actuel DTP qu'une expertise sera confiée à un bureau d'études indépendant. Sa conclusion sera sans appel : le devers réalisé par la SEROR n'est pas conforme. Le constructeur sera appelé à reprendre les travaux à ses torts. Ce dernier aura même proposé deux alternatives qui seront rejetées par l'expert. C'est pourquoi, depuis 3 semaines, la partie nord du pont a été interdite à la circulation ; les véhicules à destination d'Oran sont obligés d'emprunter une déviation. Les travaux de démolition sont assurés par SEROR. Seul un suivi rigoureux permettra de conforter définitivement l'ouvrage. Les travaux en cours vont se traduire par la démolition et le remplacement du tablier sur la voie nord. Qu'en sera-t-il de l'autre voie qui continue d'être livrée à la circulation ? Ne nécessite-t-elle pas une légère réparation ? Autant de questions que les milliers d'usagers de l'échangeur de Stidia continueront de se poser tant que personne ne les aura rassurés. Car, depuis le début des travaux, beaucoup d'habitants -pensant que la trémie allait s'écrouler- s'étaient inquiétés à juste titre. Certains n'auront pas oublié que la voie nord avait entraîné des accidents mortels ; les conducteurs qui roulaient à vive allure ayant perdu le contrôle de leurs véhicules en raison de la forte inclinaison du devers. Une autre négligence qui s'apparente à du mépris aura failli emporter deux jeunes écoliers qui, à l'instar des habitants du village côtier, sont contraints de rejoindre le village en passant quotidiennement sous le pont sur lequel s'active une batterie de marteaux piqueurs. Le tâcheron n'ayant pas pris la peine de mettre un simple filet de protection ! S'il y a bien une opération qui illustre la gabegie, ce serait cette fameuse trémie. Construite pour éviter une agglomération, elle va se transformer alternativement en sablière, puis en chantier à durée indéterminée et, enfin, en gouffre financier. Avec autant de performances, il faut seulement espérer que les travaux en cours ne soient pas, encore une fois, qu'un trompe l'œil. Une seule certitude chez le DTP, la circulation sera rétablie avant la saison estivale.