Aptitudes, personnalité, culture, expérience, toutes ces données jouent un rôle dans le développement des intérêts, mais aucune ne joue un rôle déterminant. Les intérêts sont le produit de l'interaction de la constitution nerveuse et endocrine d'un côté, et de l'opportunité, de l'expérience et de l'estimation sociale de l'autre. Certaines choses qu'une personne fait bien grâce à ses aptitudes lui apportent les satisfactions que donne la maîtrise d'une activité ou d'un sujet. L'origine des intérêts Les besoins et les moyens d'adaptation peuvent inciter quelqu'un à rechercher certaines satisfactions, mais les moyens d'obtenir ces satisfactions varient tellement d'une personne, placée avec ses aptitudes dans un ensemble de circonstances, à une autre se trouvant dans une autre situation et possédant d'autres compétences, qu'il est pratiquement impossible de prédire des intérêts en se fondant sur les besoins et l'adaptation. Du fait de la stabilité de constitution et de la stabilité relative du milieu environnant dans lequel l'individu est élevé, les intérêts de l'adolescent et de l'adulte sont généralement assez stables. Leur stabilité est encore accrue par la multiplicité des possibilités de débouchés, d'identifications et d'approbations sociales qu'offrent les sociétés démocratiques modernes dans les années qui précèdent l'adolescence. Lorsqu'ils arrivent à l'adolescence, la plupart des jeunes vivant dans les régions développées ont eu dans une certaine mesure des occasions d'explorer les activités sociales, linguistiques, mathématiques, techniques et celles se rapportant aux affaires : ils se sont identifiés à leurs parents, leurs relations parmi les adultes et leurs camarades d'école et ils ont pu ainsi essayer, rejeter et accepter une certaine variété de rôles sociaux. La conception qu'ils se font d'eux-mêmes a commencé à prendre une forme assez précise. C'est pourquoi les ensembles d'intérêts commencent à se cristalliser peu après l'âge de dix ans et les expériences exploratoires de l'adolescence offrent au jeune en train de mûrir l'opportunité de traduire en termes professionnels une image de lui-même et du rôle qu'il doit jouer qui a déjà commencé à se dessiner. Certaines personnes voient leurs intérêts changer de façon significative au cours de ces années, mais elles constituent une exception et non la règle. Pour la plupart des gens, l'adolescence est une période d'éveil à la compréhension de quelque chose qui existe déjà. En analysant le potentiel professionnel d'un jeune ou d'un adulte, il est important de tenir compte de ses intérêts au même titre que de ses aptitudes et de ses réalisations passées. Dans une société mobile, c'est l'intérêt qui fournit aux efforts leur direction et leur continuité. C'est l'intérêt qui conditionne, plus que toute autre variable que nous sachions estimer, la satisfaction procurée par le travail. L'intérêt peut, en outre, exercer une certaine influence, même faible, sur la réalisation de ce qui est entrepris. Manifestement, le temps et les ressources consacrés au développement et à l'amélioration des méthodes d'évaluation des intérêts peuvent être considérés comme des investissements sérieux en vue de développer les ressources humaines et d'aider les individus à s'épanouir pleinement. En encourageant le développement des intérêts professionnels, nous devons apporter une grande attention à l'enseignement élémentaire, car c'est au cours de ces années que les intérêts, fondements des choix ultérieurs, se développent. Nous n'avons pas encore de grandes connaissances sur le rôle de l'école dans la création ou l'évolution des intérêts, bien qu'il semble que l'expérience de la réussite et de l'approbation dans une activité, l'identification avec un modèle exemplaire et approprié et la reconnaissance et l'approbation de la réussite soient des points cruciaux. Si tel est le cas, il importe que les écoles donnent aux enfants, dès le début de leur scolarité, un ensemble d'expériences qui leur permettent d'employer et d'évaluer leurs aptitudes, des modèles exemplaires variés et convenables auxquels ils peuvent essayer de s'identifier, des occasions de jouer des rôles qui puissent leur être appropriés, et une certaine considération lorsque les rôles (et pas seulement académiques) sont bien joués. S'il est vrai que dans beaucoup de cas la famille contribue grandement à fournir des expériences et des exemples, il faut admettre que beaucoup de familles, spécialement dans les sociétés en voie de développement, sont incapables de le faire convenablement. C'est pourquoi il incombe à l'école de fournir les expériences exploratoires qui font naître et stimulent les intérêts. Sans cette formation et cet encouragement, l'enfant dispose de peu de stimulants qui l'incitent à bénéficier de toutes les formes d'instruction que la société peut lui proposer et que ses capacités lui ouvrent. Grâce à cette stimulation et à la culture qui lui est donnée, les capacités de l'enfant sont mises au jour, développées et orientées dans des directions susceptibles d'enrichir à la fois la vie de l'individu et celle de la société.