Le cinéma canadien s'invite à Alger. C'est chose faite ! Désormais, il a son festival en Algérie. Il est baptisé Festival itinérant du cinéma canadien à Alger. La première édition du FICCA a été étrennée, jeudi soir, à la salle Ibn Zeydoun, et organisée par MD Ciné, sous les auspices de l'ambassade du Canada à Alger, l'Oref et de nombreux partenaires soutenant cet événement cinématographique se déroulant jusqu'au 30 mars et s'inscrivant dans le cadre de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe 2007. Inaugurant officiellement ce festival, Robert W. Peck, ambassadeur du Canada à Alger déclarera : « C'est pour moi un grand plaisir que de procéder à l'ouverture de la première édition du Festival itinérant du cinéma canadien à Alger lequel fait partie d'une manifestation culturelle panafricaine organisée collectivement par les ambassades canadiennes et leurs partenaires locaux dans sept villes comme Alger, Kinshasa, Brazzaville, Maputo, Johannesburg, Le Cap et Dar Es Salam, faisant de l'Algérie le point de contact privilégié du festival avec le monde arabe et le Maghreb. Et ce, à quelques semaines du premier vol direct entre le Canada et l'Algérie prévu le 15 juin prochain... ». Il s'agit d'une rétrospective du cinéma canadien représenté par 9 films déclinant une belle carte de visite. Et c'est au film Les invasions barbares qu'est revenu l'insigne honneur d'ouvrir ce cycle canadien. Immanquablement, ce film a crevé l'écran de la salle Ibn Zeydoun à l'instar des autres pays du monde. Et pour cause ! Les invasions barbares a reçu l'Oscar du meilleur film étranger en 2003, prix du scénario et d'interprétation féminine à Cannes 2003 pour la talentueuse et charismatique Marie Josée Croze, meilleur film non européen, Prix David Di Donatelo et meilleur film étranger au festival de Bangkok. C'est dire du succès d'estime pour ce film. Les invasions barbares, écrit et réalisé par Denys Arcand, est une comédie dramatique chorale, filiale et familiale, attendrissante et cruelle, philosophique et impertinente et surtout utile et pas du tout futile. Denys Arcand, signant ici une œuvre majeure, dépeint une histoire existentielle d'un quinquagénaire, Rémy, gravement malade, condamné et brouillé avec son fils Sebastien. Le fils prodigue, un trentenaire et brillant financier se démènera comme un diable pour que les derniers jours de son père soient plus agréables. Aussi, Sebastien bousculera l'establishment, la bêtise humaine, l'ego surdimentionné, l'indifférence... Filmé dans une ambiance hospitalière d'Urgences (la série à succès avec George Clooney) grandeur nature sur fond d'Invasions barbares du nouveau siècle. Denys Arcand y décrie et dénonce le capitalisme, la société de consommation, la folie meurtrière du 11 septembre, l'hégémonisme américain. Cependant, un réquisitoire, certes anti-américain, mais émaillé filmiquement parlant de par un travelling émouvant de la dimension humaine et un close-up (plan serré) sur un « bobo » de Rémy par analogie à la souffrance et violence subies par ses semblables. Et puis, dans ce bilan personnel de la vie, Rémy, bien qu'épicurien « gauchisant » se sent floué par les nouvelles valeurs du grand capital, grugé et dépourvu par son nombrilisme faisant de lui un mauvais père. Last but not least !, s'inspirant sûrement du film La maison du lac où les acteurs « autobiographiques » Henry Fonda et sa fille Jane renouent et se parlent avec maturité, Denys Arcand emprunte le cadre bucolique en panoramique d'un lac canadien pour sceller d'une manière testamentaire les retrouvailles temporaires d'un père et d'un fils. Une séquence forte, poignante, intense et surtout lacrymale. Un humanisme communicatif. De front, l'actrice gracieuse Marie Josée Croze crève vraiment l'écran dans un rôle pathétique de junkie (droguée) à l'écoute de son prochain. Aussi, paraphrasant le titre du film de Denys Arcand, on aimerait bien avoir et voir de telles « invasions » cinématographiques en Algérie. Terrain conquis pour le « cinoche » universel ! Salle Ibn Zeydoun, Riadh El Feth-Alger, 1er FICCA Ce soir à 18h A l'affiche, Le film Maman Last Call, de François Bouvier