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Y a-t-il des tribus dans l'urne ?
Publié dans El Watan le 24 - 03 - 2007

Les chroniques électorales faites par les correspondants locaux de la presse écrite soulignent quasi uniment l'assujettissement auquel sont soumis, dans les intérieurs du pays, les « partis politiques » aux oppositions « tribales » et autres rivalités de terroirs.
De Tébessa à Adrar en passant par Béjaïa, Djelfa et Mostaganem, les comptes rendus décrivent, en relief, un jeu social traversé par des solidarités primordiales s'appuyant tantôt sur le ârch (tribu), tantôt sur le bled (ici, au sens de la région). Ces facteurs, s'ils ne sont pas exclusifs, n'en sont pas moins prédominants dans les arènes politiques locales. Dans une figuration électorale comme celle d'Adrar, le jeu électoral oppose moins des contenus programmatiques que des solidarités primordiales. Le département est composé de trois sous-régions, le Gourara, le Touat et le Tidikelt-Tanezrouft. La compétition électorale dans cette arène locale est des plus rudes ; elle met en jeu quatre sièges parlementaires pour trois sous-régions (c'est-à-dire trois réservoirs électoraux). Trois partis, le FLN, le RND et le HMS, se disputent les quatre sièges parlementaires de la circonscription : aux législatives de juin 1997, deux sièges sont revenus au RND, un siège au FLN et un autre au HMS ; aux législatives de mai 2002, deux sièges sont revenus au FLN, un siège au HMS, le quatrième étant revenu à un candidat indépendant, un riche notable du cru. Voulant impérativement avoir un député issu de leur bled les électeurs de chacune des trois sous-régions exigent d'avoir un des leurs en positions éligibles sur les listes de candidats d'une machine électorale. L'ajustement partisan des candidats aux données anthropologiques de la configuration électorale devient un enjeu stratégique qui conditionne de beaucoup la mobilisation électorale. Placer un représentant d'une sous-région donnée en tête de liste d'un parti important revient, dans ce contexte, à désigner la sous-région en question pour conduire ladite liste. Aussi, pour se répartir les réservoirs électoraux que constituent les trois terroirs, les principaux partis misent-ils sur l'un d'eux en tête de leurs listes respectives. Lors des législatives de juin 1997, le FLN n'avait pas jugé utile de placer un représentant du Gourara en positions éligibles sur sa liste de candidats. L'ancien parti unique a non seulement subi la sanction du corps électoral du Gourara, mais également celle de sa base militante qui, indignée, a fait ouvertement campagne pour le RND — ou plus précisément pour le représentant du Gourara placé en deuxième position sur la liste de la toute nouvelle machine électorale du régime. La leçon, au goût amer, a été retenue : aux législatives de mai 2002, le FLN a non seulement placé un représentant du Gourara en position éligible sur sa liste de candidats, mais il a offert celle-ci à celui-là même qui avait conduit la fronde à Timimoun, cinq ans plus tôt. L'ajustement des stratégies partisanes aux rivalités entre terroirs n'est pas propre à Adrar ; elle s'observe ailleurs également, comme à Béjaïa (où la rivalité entre localités du sahel et celles de l'intérieur joue pleinement). L'ajustement des stratégies partisanes aux données anthropologiques des circonscriptions électorales est une question déterminante ; elle loge au cœur de l'échange clientélaire et détermine pour l'essentiel le choix des candidats au moins autant que celui des électeurs. Pour les sujets et groupes sociaux du terroir, l'enjeu se pose en ces termes : lequel de nos candidats est le plus sûr de devenir député, celui qui est troisième sur la liste (du parti) P ou celui qui est premier sur la liste (du parti) P' ? L'enjeu, pour les partis politiques, se posent en d'autres termes : quelle place pour quel terroir, pour quel candidat ? L'équation est un véritable casse-tête pour les partis ; beaucoup y laissent des plumes, au grand bonheur des candidats indépendants. Le jeu politique dans des figurations électorales comme celles de Tébessa, Batna, Khenchela, Souk Ahras, Oum El Bouaghi ou Laghouat semble assujetti aux rivalités tribales. La fabrique des listes de candidats y est soumise aux redoutables oppositions tribales. Les N'memcha, les Ouled Yahia, les Beni Bou Slimane, les Touaba, les S'rahna, les H'rakta, les Ouled Derraj, les Ch'ânnba : dans ces régions de l'arrière-pays, les tribus sonnent encore comme des chansons de geste ! Que l'on ne s'y trompe pas cependant : si la tribu, en tant que groupe humain exerçant une souveraineté sur un terroir, s'est bel et bien disloquée sous les fourches caudines du régime colonial (avec ses guerres de conquêtes, sa politique de cantonnement, son sénatus-consulte et son exaction fiscale), la tribu, en tant que schème culturel, a montré cependant plus de résilience. Or, les solidarités tribales n'ont non seulement pas été remises en question par les idéologies politiques dominantes (nationalisme et islahisme) mais ont été, par surcroît, consacrées par la pratique politique du Parti unique — par refus ou défaut de la citoyenneté. Nous avons affaire dans ces régions à un tribalisme sans tribu. Dans ces figurations fractionnelles, tout se passe comme s'il y avait un échange réciproque de faveurs entre clientélisme et tribalisme opérés par les agents de ces deux idiomes ; aux premiers d'instaurer un mode de distribution des biens matériels et de captation des ressources, aux seconds d'apporter le canal idéologique signifiant et l'ancrage social approprié pour produire du lien politique. L'assujettissement des partis politiques aux règles tantôt du ârch, tantôt du terroir, reflète une situation d'articulation entre le politique et le social dans laquelle les rôles sociaux ne s'identifient pas aux fonctions mais aux sujets définis selon appartenance socioculturelle. Ou la difficile invention de la Modernité.

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