Condamnés respectivement à 20 ans et 10 ans de prison ferme pour leur implication dans l'affaire El Khalifa Bank, Abdelwahab Keramane, ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, et son frère Abdennour, ex-ministre de l'Industrie, ont réagi au verdict de la justice. Ils qualifient leur condamnation, jeudi dernier par le tribunal criminel de Blida, à l'issue du procès El Khalifa Bank « d'acte monstrueux fondé sur une machination grossière ». « Notre condamnation constitue un acte monstrueux. Elle n'est fondé sur rien sinon sur une machination grossière, un montage préétabli et sans consistance », ont-ils affirmé dans une déclaration rendue publique hier. Ayant déjà conféré « un caractère politique à ce procès », les Keramane se disent aujourd'hui « convaincus que la décision finale de la justice est une violence dirigée contre eux par le pouvoir politique », en manipulant le levier de cette même justice. « Dès le début du procès, nous avions déclaré notre conviction que le dossier nous concernant n'est pas un dossier judiciaire, mais un dossier politique, que les coupables dans l'affaire sont déjà désignés, et annoncé que nous ne voulions pas être associés au simulacre de justice qui nous avait été préparé », estime-t-on dans cette déclaration. La décision, selon eux, a confirmé « la condamnation lourde décidée avant même le commencement du procès ». « Notre condamnation est un acte discrétionnaire mis en œuvre par une utilisation arbitraire et illégale de l'appareil judiciaire à des fins autres que l'application de la loi », a-t-on ajouté en précisant que leur jugement « est une sanction pour ne pas avoir fait allégeance au pouvoir politique ». Cette condamnation vise également, selon les frères Keramane, « à constituer un nuage de fumée pour dissimuler les véritables responsables ainsi que les véritables bénéficiaires de l'affaire Khalifa ». Le tribunal criminel de Blida, rappelons-le, avait condamné, en plus des frères Keramane, la fille de Abdennour, Yasmine, à 10 ans de réclusion. Le tribunal a ordonné, aussi, la saisie de leurs biens.