Il ne faut pas jubiler à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de l'arbre, car la situation de ce patrimoine stratégique n'est guère reluisante. Il suffit de faire un tour aux villes et villages pour constater de visu les dégâts causés au couvert végétal. Souvent, ses défenseurs d'aujourd'hui sont ceux qui avaient dans un passé récent toléré le massacre en fermant les yeux ou en autorisant les détournements des espaces forestiers encore existants. Le cas des forêts de Mainis et de Doumia, sur le littoral de la wilaya, en est la parfaite illustration. Cédés à des privés pour en faire, semble-t-il, des projets touristiques, ces espaces verts ont été clôturés anarchiquement avec des murs en béton, et attendent toujours les prétendus investissements prévus. Quand ? La réponse se fait attendre depuis plusieurs années, sans qu'aucun responsable s'en soucie. Un sort similaire risque d'être réservé à d'autres espaces, dont celui situé à la périphérie sud de la ville de Chlef. D'après les informations en notre possession, les autorités locales ont fait les démarches nécessaires pour intégrer le site en question dans les réserves foncières urbaines, comme cela a été le cas pour les terres agricoles d'El Hassania, de Chettia et d'Ouled Farès. Officiellement, le terrain choisi, qui s'étend sur plusieurs hectares de pin d'Alep, devrait être affecté à la réalisation d'édifices publics, comme si les sièges existants ne suffisent pas. En tout cas, les exemples d'espaces forestiers détournés de leur vocation sont légion dans la région. On a même utilisé l'un d'entre eux pour une coopérative immobilière, dans la commune de Chlef, durant la décennie sanglante. Les actions engagées à l'époque par la conservation des forêts pour annuler l'opération n'ont abouti pratiquement à rien, puisque les constructions prévues à cet endroit ont bien été maintenues et achevées par leurs occupants qui ne seraient pas de simples citoyens. Ainsi, va la gestion du foncier et du patrimoine public dans une région où la protection de l'environnement et du système écologique sont le dernier des soucis des décideurs. Mais on ne peut jeter la pierre aux seuls officiels, car les citoyens ont, eux aussi, leur part de responsabilité dans ce qui arrive à nos forêts et espaces verts. L'arrachage de nouvelles plantations et les actes de vandalisme subis dernièrement par le jardin public de Chlef en sont un exemple parfait qui à tendance malheureusement à se répéter avec toutes les conséquences que cela entraîne sur l'environnement des cités. Alors à quoi ça sert de mobiliser des centaines de jeunes pour reboiser nos forêts si, en parallèle, on ne fait rien pour les sensibiliser sur l'importance et la place que doit occuper l'arbre dans notre vie quotidienne.