Issue du découpage administratif de 1984, la commune d'Ath Mellikeche, située au dessus de Tazmalt, sur le versant sud du Djurdjura, passe pour être l'une des plus pauvre de la wilaya de Béjaïa. Elle compte près de 18 villages et hameaux pour une population de plus de 11 000 habitants. Ses chiffres sont éloquents. De prime abord, elle possède l'un des taux de chômage les plus élevés du pays : « 30 à 40 % de la population selon Lagha Boukhalfa, le P/APC. Seuls les secteurs de l'administration, de la santé et de l'éducation absorbent, quelque peu, la grande masse, essentiellement juvénile, des demandeurs d'emploi. Sur le plan de la scolarité, la commune compte 14 écoles primaires, 2 CEM et pas de lycée. Ce qui oblige 500 élèves à descendre chaque jour à Tazmalt pour se rendre au lycée. `Une situation qui pénalise, en premier lieu, les filles dont les parents consentent difficilement à les envoyer si loin, puis les quatre bus de la commune mobilisés pour assurer deux dessertes quotidiennes. Toutes les routes de la commune sont défoncées et les dernières intempéries n'ont guère arrangé les choses. La commune fait, selon ses moyens dérisoires, du replâtrage. Elle a récemment proposé à la direction des travaux publics, ainsi qu'au ministère concerné, un projet de modernisation du CW 07, l'axe principal communal qui va de Tazmalt à Akbou en passant par les hauteurs d'Ath Mellikeche et Ighram. Il s'agit avant tout de désenclaver cette commune de montagne aux reliefs tourmentés et qui ne peut compter, en l'absence de ressources propres, que sur les subventions de l'Etat. Ce projet évalué à 230 millions de dinars attend toujours une réponse. Les accès aux villages ont été réalisés avec l'aide des associations. « Nous avons opté pour une gestion participative », dira M. Lagha qui fait appel à chaque fois que le besoin s'en ressent aux 18 associations que compte la commune. Le seul secteur qui semble donner quelque satisfaction est celui de l'hydraulique dont les réseaux ont été complètement rénovés. A présent, tous les villages sont raccordés au réseau public alors qu'en 2005, 20% seulement de la population l'était. Basé sur le captage des sources des versants Est et Ouest, ce réseau doit être complété avec l'apport des forages réalisés à oued Sahel. Une chaîne comportant, outre les deux forages, cinq stations de reprise et un réservoir pour neuf kilomètres de conduite est en phase de réception si les négociations avec l'Algérienne des eaux aboutissent. Commune à vocation essentiellemen agricole, Ath Mellikeche espère et attend que le PPDRI lui apporte son lot de projets là où s'exprime déjà sa vocation : l'élevage ainsi que la plantation d'arbres fruitiers en zone de montagne. Sans surprise aucune, le secteur de la santé, lui, est à l'image de la commune : pauvre et délaissé. Un seul centre de santé avec un médecin mais sans ambulance et trois unités de soins dont l'une est fermée. « La prise en charge de la population est nulle », dira le P/APC pour commenter cette situation. Une annexe de CFPA avec quatre sections de couture, de tricotage et de maçonnerie a récemment ouvert ses portes. Elle est déjà submergée par les demandes d'inscription. La case industrie de la commune est désespérément vide : elle ne compte aucune usine ni unité de production quelconque. Le wali est venu en février passé inaugurer une stèle commémorative. Il est vrai que la région d'Ath Mellikeche compte officiellement 975 martyrs tombés au champ d'honneur lors de la guerre de Libération. Depuis toujours, elle a tant donné pour recevoir si peu en retour. Les Ath Mellikeche ont fourni l'essentiel de l'armée de Bou Beghla lors de sa révolte dans les années 1850, tout comme ils ont massivement participé à l'insurrection menée par Fadhma n'Soummeur, puis par Mokrani et Cheikh Ahddadh. Ils ont été de toutes les batailles et ne comptent certainement pas rater celle du développement.