Israël reste un cas d'école, et les Arabes se sont faits forts de le prouver encore une fois. Voilà donc un Etat créé par une résolution de l'ONU et qui a fait le choix de la guerre. Toute sa stratégie est basée sur ce postulat. Autrement dit, et quand ce n'est pas lui qui fait la guerre aux autres, il se montre sous l'aspect de l'entité assiégée qui combat seul une impressionnante armada. Ou encore un ensemble animé de mauvaises intentions. Avec des relais à travers le monde qui répercutent ce discours. Et dans le pire des cas, c'est la loi du silence. Comme pour son refus de l'offre arabe de paix vieille de sept années, et qu'il avait lui-même exhumée. Un bien terrible paradoxe qui permet au passage de relever la perspicacité des Arabes. Les Palestiniens voulaient au contraire plus d'intransigeance. Mais les faits sont là : ce n'était pas un sommet pour rien car il a permis de clarifier les choses, et de ne pas permettre à d'autres d'avoir l'exclusivité du discours de paix comme le fait, — eh oui ! — Israël, qui se permet même d'interpeller les autres, c'est à dire les Arabes. Premier à réagir, le chef de la diplomatie du pays hôte a accusé jeudi peu après la clôture, et moins de vingt-quatre heures après l'adoption des principales résolutions dont l'offre de paix en question, Israël de rejeter systématiquement les offres de paix des Arabes. « A chaque fois que les Arabes adoptent des résolutions de paix claires et franches, ils (les Israéliens) les rejettent catégoriquement », a déclaré le prince Saoud al-Fayçal lors d'une conférence de presse. Il a estimé que l'attitude israélienne n'était donc « pas étonnante » et « ne reflétait pas la position d'un Etat qui veut la paix ». Le ministre saoudien répondait au vice-Premier ministre israélien, Shimon Peres, qui avait réitéré « qu'il n'était pas question pour Israël d'accepter cette initiative dans sa forme actuelle », car « des négociations n'auraient (alors) plus de raison d'être ». La réaction de M. Peres et la réplique acerbe du prince Saoud al-Fayçal attestent de l'avenir très incertain de cette initiative de paix, adoptée par les Arabes lors de leur sommet de 2002 à Beyrouth, mais restée depuis sans suite. A l'origine, une initiative du roi Abdallah d'Arabie saoudite alors qu'il était prince héritier, ce plan de paix offre à Israël une normalisation de ses relations avec tous les pays arabes en échange d'un retrait des territoires arabes occupés par l'Etat hébreu depuis 1967, de la création d'un Etat palestinien avec El Qods pour capitale et d'un règlement « équitable et agréé » de la question des réfugiés palestiniens. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheit, a une attitude plus nuancée en affirmant que pour les leaders arabes, la réponse israélienne n'était pas définitive. Pourtant, les Israéliens semblent extrêmement sérieux sur la question de paix, pour parler d'une seule voix, et afficher la même constance. Sauf à croire que le ministre égyptien entend donner du temps au temps — est-il encore possible ? — ou anticiper sur une révision du principe même de la normalisation, comme cela a été le cas en 1996 quand il s'agissait de geler un tel processus, voire d'aller dans le sens de la rupture pour les pays arabes ayant des relations diplomatiques avec Israël. Tout compte fait, le sommet de Ryad est lui aussi la chronique d'un refus annoncé, mais quant au reste, il a tranché sur les précédents sommets arabes par la discipline et la rigueur avec lesquelles il s'est déroulé, et s'est achevé sans aucun communiqué final, comme c'est pourtant la tradition. En revanche, toutes les résolutions, au nombre de 32, ont été publiées dans leur intégralité, une grande première dans l'histoire de ces sommets. Le prince Saoud al-Fayçal l'a expliqué en déclarant que « l'action arabe ne (devait) plus être cachée de la nation arabe ». La résolution sur l'Irak appelle le gouvernement de Baghdad à « amender rapidement les clauses de la constitution qui posent problème pour parvenir à un consensus national » et à « revoir la loi sur la débâathification pour qu'elle ne devienne pas un outil de vengeance ». Elle demande aussi au gouvernement irakien de « démanteler toutes les milices armées ». Il s'agit donc d'ores et déjà de préparer le prochain sommet en prenant acte du refus israélien, et par voie de conséquence, aider les Palestiniens et leur gouvernement.