Le wali de Tamanrasset, Messaoud Djari, est aux abois. Depuis la fameuse lettre du président de l'Union nationale des agences de tourisme alternatif (UNATA), Mohamed Rouani, adressée le 27 décembre 2003 à l'ancien ministre du Tourisme, Noureddine Benouar, le premier responsable de la wilaya voit rouge. Bousculé par les faits rapportés par M. Rouani et les critiques formulées, le wali s'est estimé diffamé. Ainsi, il a intenté une action en justice contre le président de l'UNATA pour « diffamation ». Le procès, qui devait avoir lieu le 12 octobre dernier, a été renvoyé au 26 du mois même à la demande de l'avocat du plaignant. La lettre que M.Rouani avait adressée à l'ex-ministre du secteur brosse la situation socioéconomique de Tamanrasset en dénonçant, bien entendu, « la mauvaise gestion du wali ». Elle constitue le document « incriminé ». Dans sa lettre, le président de l'UNATA, association qui regroupe l'ensemble des agences de voyage du Sud, énumère les multiples barricades et embûches dressées contre les professionnels du tourisme, soulevant au passage d'autres « aberrations » du maître de la région qui fait ralentir le développement dont le tourisme constitue les poumons de son économie. Selon les avocats de la défense, à savoir maîtres Ali Meziane et Smaïl Bousalah, il n'y a pas de propos diffamatoires dans la lettre de M. Rouani, d'autant plus qu'elle « a été remise aux mains propres du ministre ». « On ne peut parler de diffamation que si les propos ont fait l'objet d'un support de pub. » Autrement dit, « le délit de diffamation n'est retenu contre quelqu'un que lorsqu'il rend publiques des informations et des propos déplacés et malpropres qui portent atteinte à une personne physique ou morale. Or ce n'est pas le cas de notre mandant », expliquent les avocats. Outre cela, les faits divulgués dans la lettre sont appuyés par « des documents fiables », notamment la fameuse « lettre de M. Jean-Louis Bernezat » adressée au ministre du Tourisme, où il contestait la décision du wali qui l'a empêché, avec sept autres touristes français, de poursuivre leur randonnée dans l'extrême Sud, en dépit de l'application à la lettre de la procédure requise pour ce genre de sorties. Ces touristes sont venus dans le cadre d'un voyage organisé par l'agence Mero N'Man dont le propriétaire n'est autre que le président de l'UNATA. Pour prêter main forte au wali, deux directeurs, à savoir le directeur du tourisme et celui des impôts, ont déposé plainte contre le président de l'UNATA pour le même motif. Même le directeur de la société des travaux publics EPMC, une EPE/ SPA, a mis la main à la pâte en déposant également plainte. Mais la justice a débouté les trois plaignants. En filigrane, M. Rouani a obtenu la relaxe dans l'affaire l'opposant au directeur du tourisme. Quant aux deux autres plaintes, le juge les a déclarées « irrecevables ». Verdict que la population locale a accueilli avec beaucoup de sérénité, car c'est la première fois qu'un citoyen de Tam, s'étant opposé à un haut responsable local, est sorti vainqueur de ce tribunal.