Près d'un millier de personnes étaient fixées sur leurs sièges de la salle de cinéma, ivres de plaisir. Ils venaient de voir le film La dernière cigarette. Ali Berkennou, réalisateur amateur est resté ébahi par le succès de son film. L'équipe qui a réalisé cette production filmique a confirmé que la volonté peut surpasser des difficultés. La dernière cigarette a été une réussite dans le sens où les comédiens ont interprété des rôles proches du vécu quotidien du jeune kabyle. Un vécu dramatique, marqué par des actes de suicide commis de manière intermittente dans la région. Justement, le film propose une analyse des raisons (familiales, sociales, psychoaffectives) de ce phénomène et tire la sonnette d'alarme à l'intention des jeunes, les incitant à mener un combat permanent pour construire l'avenir. Le film se veut un hymne à la vie, un reflet des tares de la société aussi. Cette fiction est née grâce à l'abnégation du réalisateur et de son équipe qui se sont surpassés pour respecter les quatre semaines de tournage prévues. Le film s'est fait dans la douleur. « Actuellement, je suis endetté. Mais, je ne suis pas pour autant découragé. D'autres projets viendront », dit Ali Berkennou, d'un ton plein d'humilité. Quand les promoteurs du projet ont sollicité des financements auprès du commissariat d'Alger, capitale de la culture arabe, la réponse a été négative. Quand le film a été mis en boîte, la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou s'est empressée de le programmer en dépit des imperfections techniques. Ce film représentera la wilaya de Tizi Ouzou à Alger alors que celle-ci n'a pas daigné apporter son aide pour la prise en charge de techniciens (régisseurs, éclairagistes, accessoiristes, maquilleurs, etc.) et des équipements comme les travellings. Selon Ali Berkennou, l'ENTV serait intéressée par la diffusion du film. Ce serait une autre satisfaction. Celle de rapprocher du public une création artistique. Mais, surtout, de briser de façon définitive la curiosité qu'a toujours suscité la réalisation d'un film en tamazight chez les locuteurs mêmes de cette langue. Ali Berkennou, a réussi à travers La dernière cigarette la mise en scène du dernier suicide dans le pays, espère-t-il. Mais, c'est son premier grand pas dans le monde du cinéma.