Durant toute la durée de la 2e édition du Festival de Casablanca qui s'est tenue du 15 au 22 juillet, plus de 40 000 spectateurs se sont disputés les espaces de projection où plus de 28 films ont été présentés au grand bonheur des Casablancais. Le volet cinéma a permis de donner envie au public de retourner voir des films sur grand écran, retrouver cette magie liée au partage de l'émotion cinématographique et découvrir les nouveaux horizons filmiques. Si lors de la première édition, les organisateurs ont choisi des films marocains et arabes diffusés, il n'en demeure pas moins que cette année leur choix s'est porté sur les cinéastes arabes contemporains à travers une dizaine de films récents, pour la plupart diffusés en avant-première à Casablanca. Le directeur délégué du festival, Ali Haddi, affirme que les projections de films marocains ont remporté l'année dernière un vif succès, et ce, que ce soit en reprises ou en avant-première. « La sélection, dit-il, s'est ainsi faite sur la base des films qui ont été distribués en salle récemment et qui n'ont pas fait l'objet d'une exploitation dans les quartiers dans lesquels on intervient. » L'état actuel de la production marocaine n'a pas permis aux organisateurs de présenter des films récents. La plupart des films marocains diffusés ont une existence de vie de 2 ans. D'où cette idée d'avoir opté pour un programme de reprises à destination de certains quartiers, à l'image du quartier populaire de Sidi Moumen, un terrain de foot transformé en espace de cinéma. Le public visé était essentiellement constitué de mères de famille et d'enfants. En effet, à Sidi Moumen, ce sont de milliers de familles qui se sont déplacés en masse pour se réconcilier avec le 7e art. Les films les plus récents n'ont pas fait l'objet de projection, car les réalisateurs ont préféré ne pas les montrer à Casablanca, pour ne pas éliminer leurs chances de participer à des festivals destinés aux professionnels. Pour la projection de Zaina, cavalière de l'Atlas, réalisé par Boualem Guerdjou, vendredi dernier, à Sidi Moumen, un monde impressionnant avait squatté le grandiose lieu. L'espace était compartimenté en trois catégories. Les femmes étaient installées à gauche tandis que que les hommes ont envahi la côté gauche. Les enfants, pour leur part, se sont confortablement installés sur de longs tapis, posés sur la terre battue. Les adolescents et... les plus récalcitrants ont préféré recourir à la position debout. Une grappe de jeunes filles ont révélé que c'est la première fois qu'elles assistent à une projection de cinéma. « Nous ne pouvons pas nous permettre de descendre en ville pour regarder un film. Cette initiative est des plus louables », disent-elles. Il est à noter que mis à part les longs métrages étrangers projetés, dont certains sont inédits tels que Truman Capote de Bennett Miller, oscar du meilleur acteur en 2006 ou encore Caïmen, film anti-Berlusconi de Nanni Moretti qui a fait partie de la sélection du festival de Cannes 2006, il n'en demeure pas moins qu'une place de choix a été accordée aux courts métrages. En effet, deux courts métrages, signés par deux nouveaux talents Casablancais Ali Benkirane (Casa) et Tarik El Jouhari (Sacrifake), ont été projetés au cinéma Lynx. Par ailleurs, d'autres sélections ont été à l'honneur, dont notamment Mary d'Abel Ferrara, Trois enterrements, un western métaphysique avec Tommy Lee Jones à la fois devant et derrière la caméra, Attente de Rashid Marsharawi et Beur, blanc, rouge, du réalisateur algérien Mahmoud Zemmouri. Les organisateurs promettent aux cinéphiles et aux profanes une sélection plus étoffée et plus récente pour la prochaine édition du Festival de Casablanca.