A 70 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès, la commune d'Afir a le sentiment de vivre en marge. « Nous sommes oubliés », disent les habitants de la région, et la phrase revient comme un leitmotiv aussi bien dans la bouche des citoyens que dans celle des responsables. « Sans exagérer, il y a eu une centaine de visites ministérielles durant ces 5 dernières années dans la wilaya de Boumerdès. Mais aucun de ces représentants de l'Etat n'est allé voir ce qui se passe dans ces contrées reculées dans lesquelles nous sommes tenus de vivre. C'est à Afir, Timezrit, Chabet, Keddara et dans d'autres communes pareilles que le ministre de l'Emploi peut avoir une juste mesure de l'ampleur du chômage, que la ministre déléguée chargée de la Famille peut jauger la situation que vit la femme au foyer, et j'en passe », nous a déclaré un habitant de la région. « Les citoyens d'Afir s'indignent devant le fait que même en hiver nous vivons un terrible problème d'eau potable. » Chose que confirme le P/APC, M. Regaïa.« D'une manière générale, la commune d'Afir a été lésée. C'est une commune rurale qui vit presque exclusivement de l'enveloppe des PCD. Cette année, nous avons eu 4 milliards de centimes pour les différents projets que nous avons proposés au profit des 25 villages composant notre commune, mais cela est très insuffisant devant les besoins exprimés », dit-il. Le P/APC souligne : « Le problème d'eau potable est un sempiternel casse-tête pour toute la population de la région, les responsables inclus. » Car la dégradation des canalisations, les chutes de tension ou les coupures de courant provoquent des ruptures d'alimentation en eau potable intenables. « La population en pâtit et il y a des villages qui ne sont pas encore raccordés au réseau », ajoute M. Regaïa. Rejoignant les habitants de sa commune, le premier responsable d'Afir insiste : « Notre commune a besoin d'un autre regard de la part des autorités. Une petite enveloppe de 4 milliards de centimes ne peut pas régler des situations aussi inextricables que la nôtre, surtout que notre région n'est pas touchée par les grands projets sectoriels qui ont été lancés ces dernières années. » Le chômage est un problème qui revient dans chaque déclaration des habitants. « A Afir, il n' y a ni usine, ni entreprise importante, ni aucune infrastructure ou organisme pouvant offrir un nombre important de postes d'emploi. Le seul créneau qui pourrait contre-balancer le chômage, c'est bien l'agriculture, mais là encore tout est à l'abandon. La plupart des terres sont restées en jachère », font remarquer nos interlocuteurs. Le P/APC appuie également ce constat et ajoute : « Pourtant notre commune est à vocation agricole. Il y a deux principaux oueds dans le territoire de notre commune. On aurait dû réaliser des retenues collinaires pour encourager les habitants à pratiquer l'agriculture. Actuellement, il y a seulement quelque 100 ha exploitées pour une surface agricole 10 à 15 fois plus grande. » M. Regaïa a insisté pour parler du secteur de l'éducation. « Nous n'avons pas de lycée à Afir. Nos enfants qui sont plus de 500 lycéens inscrits à Dellys sont ainsi contraints de subir les inconvénients des déplacements. Cela les use et use aussi les bourses de leurs parents tout en diminuant leurs chances de succès. En outre, nous avons un CEM, inscrit en 2003, en cours de réalisation, dont seul le bloc administratif a été construit. Nous invitons les concernés à accélérer la cadence des travaux car nos élèves, plus de 1100, s'entassent actuellement dans un petit collège. » Répondant aux habitants qui se plaignent des problèmes relatifs à l'habitat, M. Regaïa précise : « Nous avons eu droit à une très maigre portion dans ce chapitre. On nous a accordé 150 aides à l'habitat rural et 100 logements sociaux, dont 50 sont en voie d'achèvement. Les 50 autres ne sont pas encore lancés. Vu le tissu social de notre commune, il serait judicieux de multiplier les aides à la construction car chacun aimerait construire sa propre petite maison. »Le revêtement des routes de la quasi-totalité des 25 villages de la commune est une autre doléance des habitants. Le P/APC nous parle de « milliards de dinars pour espérer venir à bout de ce problème ». Il cite au passage la RN24 qu'il faut rouvrir à la circulation au plus vite vu son apport pour tous les habitants du littoral, jusqu'à Tigzirt, Iflissen et Azeffoun dans la wilaya de Tizi Ouzou.