Le Dimajazz de Constantine entame samedi sa cinquième édition. Rien n'arrêtera la dynamique sur sa lancée. Le Dimajazz est désormais un événement incontournable en Algérie. Son histoire est jalonnée d'anecdotes, de coups durs, de grands moments de joie... Le festival a perdu deux des siens, Aziz Djemmam en 2005 et Adel Merouche en janvier dernier, mais il survira à tout et rien n'arrêtera désormais la dynamique sur sa lancée, puisque la relève est là, autant que la volonté. C'est que l'événement, bien plus qu'un festival, est une dynamique préméditée. Dès le départ, l'objectif de Aziz Djemmam était que cette manifestation ait des conséquences. La première serait de susciter des vocations, d'où l'intérêt porté aux masterclass. Dans les années à venir, il est fort probable que de nombreux groupes et musiciens émergent de Constantine. Une autre conséquence : que d'autres jeunes dans diverses villes du pays occupent le terrain comme le font les membres de l'IMMA, à Constantine, et organisent des événements de tous genres. Aziz Djemmam avait émis le souhait de voir des dizaines de festivals aux quatre coins de l'Algérie. Et ce n'est qu'une question de temps. Constantine est une ville que beaucoup qualifient d'austère. Ce sont des personnes qui ne la connaissent pas. Pendant le Dimajazz, durant une semaine, la vieille cité devient une mecque du jazz. Son théâtre a accueilli des stars de renommée mondiale : de David Guilmour à Aka Moon, en passant par Foofango, B. Connected, Etienne M'bappé et Nguyên Le… Et le must, c'est que ces stars adorent la ville et le festival. On se souvient encore de Nguyên Le et de son groupe, l'année dernière, dont le vol avait été retardé à cause du mauvais temps. Il était prêt à prendre la route Alger-Constantine pour être sûr d'être sur scène à temps. On se souvient aussi d'Etienne M'bappé, le célèbre bassiste camerounais aux gants noirs qui affichait un visage indifférent à son arrivée, qui s'est à peine détendu après avoir fait le tour de la ville et qui est ressorti de son concert totalement ébahi et sous le charme du public… La plupart des musiciens apprécient d'ailleurs ce public qui « n'est pas blasé » (dixit l'un des musiciens du groupe belge l'Ame des poètes). Ils apprécient aussi ces quelques jours passés sans « façon » dans une ambiance conviviale et n'hésitent pas à faire des compromis sur leurs cachets vu le manque de moyens des organisateurs. Ces derniers, parce que les sponsors privés ne jouent pas toujours le jeu, se retrouvent endettés à la fin du festival… Pour eux, c'est un combat et ils veulent le mener jusqu'au bout. Adel Merouche nous confiait, il y a exactement une année, qu'il donnerait sa vie pour Dimajazz. Et c'est ce qui est arrivé. Son accident de voiture (les billets d'avion n'étant pas dans leurs moyens) est survenu alors qu'il venait à Alger, avec les autres membres de l'IMMA, dans le cadre de l'organisation du festival… Pour que le jazz soit « dima » (toujours).