Une fois encore, la mort a mis fin à une belle histoire d'amour, celle de Aziz Djemame avec le jazz. Ravi à ses parents et sa grande famille artistique à la fleur de l'âge, 33 ans, Aziz rêvait de faire de Constantine, capitale du malouf, La Mecque du jazz. Il était convaincu que les sonorités jazz ne nous étaient pas étrangères. Le festival Dimajazz, initié par l'association Limma, avait révolutionné la ville des Ponts suspendus, coutumière et fidèle à la musique classique algérienne, interprétée selon le mode de Séville. Rêveur, Aziz voulait partager sa passion pour le jazz avec les jeunes de sa ville. Pour lui, faire découvrir ce genre musical était une mission devant laquelle il n'aurait jamais reculé, lui qui a été jusqu'à abandonner des études en médecine. Le message est vite passé, car au bout de trois éditions, le Dimajazz s'est inscrit dans la tradition musicale de la ville. Les passages à Constantine de Nguen Le, Karim Ziad, Guem, B-connected… s'était lui. Evoquer Aziz au passé est une grande douleur, on avait rendez-vous en 2006 pour une nouvelle édition Dimajazz, une édition meilleure que celle de mai dernier. Car il misait sur un festival de qualité. “Je remercie Smaïn d'avoir parrainé l'édition 2005 du festival et on réserve une belle surprise pour 2006”, nous confiait Aziz, même s'il refusait, catégoriquement, d'en dire davantage. Le jeune homme dynamique, connu dans le monde de la musique comme le talentueux batteur du groupe Sinoudj, qui faisait vibrer les salles de Constantine et d'Alger, la salle Ibn Zeydoun se souvient de sa virtuosité, était, avant tout, l'ami et le frère généreux au sens propre du mot. On se rappellera ton parcours artistique riche, de ton amour pour le jazz, mais on se souviendra surtout de ton sourire enfantin qui faisait de toi Aziz l'ami de tous. Repose en paix Aziz, tes potes de Sinoudj et de Limma veilleront sûrement à la pérennité de Dimajazz. W. L.