Nous voulons éliminer les messages confus qui mènent à l'incertitude sur l'offre et la demande. Dans de nombreux pays, on prend des mesures politiques pour sevrer les ressources fossiles, pour revoir la demande à la baisse et on demande à l'Opep de produire plus. Paris : De notre bureau Les pays de l'Opep sont réticents sur l'incertitude quant à l'utilisation des excédents », a déclaré Mohamed Bin Dha'en Al Hamli, président de l'Opep et ministre émirati de l'Energie, présent au 8e sommet international du pétrole, organisé jeudi à Paris par la SPTEC (Pétrole & Gaz Etudes et Conseils), Pétrostratégies et l'Institut français du pétrole. « Au sein de l'AIE, nous préconisons des prix plus bas, plus de stocks. Actuellement il y a un débat entre l'AIE et l'Opep sur la sécurité des approvisionnements. Il y a une incertitude de la demande, mais l'incertitude des pays de l'OCDE ou de l'AIE est faible, il n'y a rien de nouveau au fait que ces pays cherchent à réduire leurs besoins en ressources fossiles pour des raisons de sécurité. Il y a des incertitudes quant au niveau de déclin des gisements, il s'agit d'une incertitude majeure. Même si nous nous réjouissons des investissements au sein de l'Opep, nous estimons que ce n'est pas suffisant dans tous les pays producteurs », intervient le directeur de l'AIE, Claude Mandil. Le vice-Premier ministre et ministre de l'Energie de Qatar, Bin Hamad Al Attiyah, également présent au sommet pétrolier de Paris, rétorque : « Nous sommes obligés de gérer avec prudence nos ressources. Les producteurs feront de leur mieux pour assurer un équilibre entre l'offre et la demande, mais nous ne pouvons produire plus au risque que notre pétrole ne soit pas vendu. » Cette situation a été débattue par des dirigeants de compagnies nationales, comme Sonatrach, et internationales comme Shell et Total, de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et de l'Agence internationale de l'Energie (AIE). Le terme de partenariat « gagnant-gagnant » équitable pour chaque partie est revenu fréquemment au cours des débats. Les compagnies internationales veulent une plus grande implication des gouvernements des pays producteurs et des compagnies nationales dans les investissements pour accroître et améliorer les capacités de production et, pour elles-mêmes, des coûts plus bas. Les pays producteurs et les compagnies nationales affirment, chiffres à l'appui, leur degré d'implication dans les investissements, dans la préservation de l'environnement. Ils se disent prêts à répondre à la demande du marché si celle-ci est visible, assurée. Leur demande concerne aussi une participation à l'aval de la chaîne, soit un accès direct aux clients. Cette équation, que doivent résoudre producteurs et clients du pétrole, est illustrée par Mohamed Hamel qui affirme que « les pays consommateurs veulent un approvisionnement sûr, les pays producteurs ne veulent pas de discrimination sur leurs produits, ils veulent des prix stables, une demande visible ». L'Opep a toujours eu pour engagement la stabilité des prix, « un principe de base, un défi constant », a souligné le président de l'Opep, Mohamed Bin Dha'en Al Hamli. Il signale que des structures consultatives ont été mises en place pour suivre l'évolution du marché. Le PDG de Total, Christophe de Margerie, indique que « notre première cible consiste à nous assurer à trouver des sources d'énergie de manière durable pour satisfaire les consommateurs ». Il ajoutera que « bien souvent on réduit la question à la dichotomie compagnies nationales / compagnies internationales. Les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités, il faut baisser les conditions drastiques à l'accès aux sources énergétiques ». « Nous investissons beaucoup, nous voulons des coûts d'exploitation bas, ces projets sont bénéfiques à long terme, ce sont les Etats qui doivent les financer. Les compagnies nationales n'investissent pas assez », dira-t-il. Sonatrach relève les défis L'exemple de la compagnie algérienne Sonatrach dément ce propos du PDG de Total. En 2010, les investissements pour le développement des ressources pétrolières et gazières seront de 33 milliards de dollars, dont 74% pour Sonatrach. 20 milliards de dollars ont été budgétisés pour les activités en amont, affirme son PDG, Mohamed Meziane. Sonatrach a montré sa volonté de diversifier sa stratégie en élargissant sa présence à l'étranger, en faisant du partenariat « un concept central », ajoute-t-il. La technologie, l'exploration, la récupération sont les principaux défis de l'industrie pétrolière ; les sociétés nationales et les sociétés internationales sont confrontées à de nouveaux risques, indique le PDG de Sonatrach. Et à ces défis, la Sonatrach est totalement partie prenante. Pour appuyer son propos, M. Meziane souligne que Sonatrach, en 40 ans, s'est imposée comme leader africain du pétrole et se situe parmi les 12 plus grandes sociétés mondiales. C'est le 2e exportateur de GPL, le 3e exportateur de gaz. Sonatrach a choisi de diversifier ses activités. En 2006, elle a produit 4 fois plus d'hydrocarbures que dans les années 1970. En matière de séquestration du CO2, l'Algérie a une longue expérience. Il faut rappeler que la source d'approvisionnement algérienne en pétrole et en gaz est fiable et régulière, l'Algérie a toujours tenu ses engagements même dans les moments les plus difficiles de son histoire récente. Mohamed Hamel, responsable des études à l'Opep, relève que jusqu'à l'horizon 2030 le pétrole restera la principale source d'énergie, même si sa part passera de 39 à 34%. L'expert observe que les risques quant à l'évolution de la demande sont accrus par des initiatives discriminatoires de pays européens.