Les habitants des villages et hameaux périphériques de la zone ciblée par l'opération militaire qui dure depuis le 25 mars dernier (en fait des îlots d'habitations installés autour d'anciennes fermes coloniales) s'adaptent plutôt bien à l'atmosphère générée par l'événement. Certains d'entre eux, ont certes préféré quitter leurs demeures pour aller se réfugier chez des parents dans les localités voisines. Quelques dizaines de familles, selon des citoyens et des élus de la commune d'Amizour. Ceux nombreux qui sont restés donnent l'air d'avoir été usés par ces nombreuses nuits rythmées aux sons des explosions et les détonations qui parvenaient des hauteurs mais on ne décèlera pas chez eux de sérieux signes d'inquiétude. L'école les Frères Dahouche, située à moins d'un kilomètre du terrain des opérations, restait fermée mercredi dernier. Difficile, en effet, d'imaginer des écoliers rentrer et sortir des classes dans ces conditions. Les responsables de l'APC d'Amizour nous informent, par ailleurs, que deux autres CEM n'ont pas repris l'activité après les dernières vacances scolaires, en raison notamment des perturbations dans le transport induites par la fermeture de la route nationale. Ce sont là les seules perturbations signalées par les autorités municipales qui ont dû, néanmoins, aménager une piste secondaire pour garantir le déplacement vers les lycées de la zone concernée. L'offensive, pour le moins intense les premiers jours, semble évoluer depuis mardi dernier selon un rythme beaucoup moins soutenu avec les avancées réalisées par les troupes de l'armée et les positions resserrées tout autour des lieux où les soupçons font encore croire à l'existence de casemates confortées et ayant résisté au déluge de feu qui s'est abattu depuis le début de l'opération. Mercredi dernier, dans cette partie du village de Merdj Ouamane qui fait face au piémont ciblé - huit dépouilles de terroristes ont été dégagés de ce versant, selon les témoignages - l'ambiance était plutôt détendue, aussi bien chez les nombreux badauds que chez les militaires s'affairant autour d'une rangée de camions de transport des troupes. Plus loin, à l'intérieur de la zone bouclée, des soldats sont disséminés en des endroits différents du versant, alors que sur les hauteurs se dessinent les silhouettes d'autres soldats sur les larges coupes opérées par les engins du génie militaire dans le manteau boisé. Le mamelon, dont la touffeur tient d'une profusion d'oléastres et de brousse, est traversé de bas en haut par de larges trouées ouvertes dernièrement de manière à isoler cette poche forestière sur laquelle semble se concentrer désormais l'intérêt des éléments de l'ANP. Les habitants nous apprennent que pour la première fois depuis le début de l'offensive, la nuit de mardi à mercredi n'a pas été troublée par le bruit des bombardements. Point d'accrochage également, même si des coups de feu sporadiques sont signalés. Un calme qui a également persisté jusqu'à hier. Il s'est passé peu de choses depuis trois jours, nous informe-t-on encore, pour appuyer ce que d'aucuns prennent comme le début de la fin de l'opération. L'impression était déjà dans l'air mercredi dernier. Les hommes de troupes, en file indienne, arpentaient le haut de cette colline qui, quelques jours auparavant, était le théâtre d'accrochages décrits comme spectaculaires. Un site à la vue duquel on a du mal à croire qu'il puisse dissimuler une présence importante de terroristes, d'autant que le bois est autrement plus dense et autrement moins accessible en surplomb. Le mamelon est par ailleurs très proche de la route nationale (RN75) fermée à la circulation depuis dimanche 25 mars. Mais les terroristes du GSPC ont peut-être élu domicile dans le coin pour sa topographie exceptionnelle, sa situation en zone habitée et sa proximité des couloirs d'accès qui donnent sur les montagnes d'Adekar et Toudja. Le dispositif militaire, quoique allégé dans certains de ses aspects, reste maintenu dans toute la zone bouclée depuis une douzaine de jours. Après les défrichages réalisés dans les maquis, des informations non confirmées prêtent à l'ANP la volonté d'installer un cantonnement militaire sur les lieux pour sécuriser le périmètre.