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Jijel : les mechtas de la peur
Des maquis sourds à l'appel de la “Moussalaha”
Publié dans Liberté le 20 - 10 - 2005

Contrairement à la fièvre “redditionniste” de 1999, le Jijel post-référendaire ne semble guère enregistrer des descentes massives de terroristes en réponse au plan de paix du Président Bouteflika. Pis, les maquis de Jijel et de Skikda connaissent, au contraire, des descentes plutôt meurtrières et un net regain d'activité de violence.
En effet, les hordes du GSPC et consorts continuent avec férocité à endeuiller des familles entières dans les villages oubliés de ces régions.
Retour sur les derniers attentats qui ont semé la terreur dans ces hameaux reculés.
Lundi 10 octobre 2005. Quartier T'har, perché à environ 5 km sur les hauteurs de la ville d'El-Milia (60 km au sud-est de Jijel). Tout le village est en deuil. Processions de femmes autour des maisons de trois victimes d'un attentat survenu quatre jours avant, dans la nuit du jeudi 6 octobre. Trois jeunes ravis aux leurs à la fleur de l'âge : Mohamed (33 ans), Ramzi (23 ans) et Salah (21 ans). Ils étaient sortis après le f'tour livrer une partie de chasse dans une forêt alentour, la forêt de Ouled Salah (située à quelque 12 km sur les crêtes d'El-Milia) lorsqu'ils se sont vus surpris par de violentes rafales de kalachnikovs, devenant ainsi le triste gibier d'une chasse à l'homme des plus impitoyables. La voiture dans laquelle ils se trouvaient en plus de deux autres personnes, deux éléments d'autodéfense qui échapperont miraculeusement aux griffes de la Faucheuse, sera criblée de balles. Nous avons pu constater les dégâts sur le “corps” du véhicule en question, une Clio classique, rapatrié au village pour mémoire, et livré aux bons soins d'un tôlier du voisinage. La Clio, de couleur grenat, année 2001, est dissimulée sous une bâche pour cacher l'horreur.
À notre demande, le tôlier veut bien soulever le “linceul” en nylon pour nous faire une idée du massacre. Le tableau donnerait des frissons à un mort. Il n'est pas une seule partie du véhicule qui n'eût reçu sa part de martyre, ce qui renseigne sur ce qu'ont dû endurer ses infortunés passagers. Des impacts de balles ponctuent toute la carcasse de la voiture. Le pare-brise avant arbore déjà quatre trous causés par des tirs nourris. Le pare-brise arrière a complètement volé en éclats. Partout des débris de verre. Les pneus sont tous crevés ou presque. Même la roue de secours n'a pas été épargnée. Les portières sont toutes arrosées de balles.
Des mares de sang frais maculent l'habitacle du véhicule. Du sang sous le volant, sur la boîte à gants et au pied des sièges arrière où une flaque importante stagne sur le tapis, recouverte sans succès par du papier journal. On peut même relever un bout de chair humaine agglutiné au rebord de la portière arrière gauche. Insoutenable ! Abominable ! “C'est un bout de cervelle de l'une des victimes qui a reçu une balle dans la tête tirée à bout portant”, explique le tôlier. S'engouffrant à l'arrière du véhicule, il ramasse quelque chose qu'il expose à notre attention dans la paume de sa main : c'est une chevrotine, l'une des centaines de projectiles qui ont mitraillé la voiture. Des mules en plastique apparaissent sous le siège du conducteur. Elles appartenaient à un terroriste qui les a échangées contre les baskets de l'une des victimes.
Dans notre prochaine édition, nous vous livrerons par le menu les péripéties de cet attentat telles que vécues par l'un des rescapés, un miraculé.
“Makach s'mah !”
Nous sommes dans la maison de Mohamed. Mohamed Guennoub, l'une des trois victimes. Karim, son jeune frère, 28 ans, nous reçoit avec amabilité. Des chaises installées dans la cour de la maison entourent une belle fontaine. “Ces chaises étaient installées à la même place, il y a trois mois : c'était pour fêter le mariage de mon frère”, fait Karim. En effet, Mohamed avait convolé en justes noces le 30 juin dernier seulement. Il a laissé derrière lui une jeune épouse et un bébé qu'il ne verra jamais.
“Mon frère était grossiste en médicaments, métier qu'il exerçait depuis huit ans. Il n'a jamais eu de problème avec personne et était apprécié de tout le monde”, dit Karim, avant d'ajouter : dernièrement, peu de temps avant cet attentat, il y a eu des émeutes par ici. Des jeunes se sont soulevés pour revendiquer une meilleure prise en charge de notre quartier qui, comme vous le voyez, manque de toutes les commodités. Sept d'entre eux ont été arrêtés et jetés en prison, parmi eux Ramzi et Salah, les deux autres victimes. Mon frère a payé un avocat de sa poche pour les faire libérer. “Karim nous parle de la passion de son frère pour la chasse, une passion qui lui sera hélas fatale”. Mohamed aimait la chasse depuis son jeune âge, c'était sa passion, il avait, d'ailleurs, même des chiens de chasse à courre. Quand il était petit, il chassait à la “tire-boulette”. Plus tard, il acquit un vieux fusil de fabrication artisanale. Voilà deux ans qu'il chasse de façon régulière, en pleine nuit, sans avoir jamais rencontré le moindre problème.
La mère de Mohamed nous introduit dans la chambre intime de son fils. Autour d'elle, beaucoup de femmes : ses filles, ses voisines, sa bru. “Ce pauvre bébé ne connaîtra pas son père”, pleure-t-elle, le regard désignant sa belle-fille, tout de noir vêtue, les yeux embués. “Voici sa chambre à coucher. Regardez, tout est neuf. C'était un jeune marié. Il n'a même pas profité de ce qu'il a bâti. C'est lui qui a construit la maison. Il était le chef de famille. J'ai dix enfants. Mais c'était lui le pilier sur qui je comptais. Ses frères aînés sont au chômage et c'est lui qui les entretenait”, dit encore la mère. Se ruant sur l'une des photographies de Mohamed, sa grand-mère le pleure à chaudes larmes en embrassant la photo avant de partir de chants funèbres du terroir. Et toutes les femmes de la maison d'éclater en sanglots. “Je ne pardonnerai pas à ceux qui m'ont fait ça !” lance la mère, inconsolable. Mourad, le grand frère de la victime, est plus catégorique : “Makach s'mah ! Si j'attrape celui qui a fait ça, je le mangerai cru” fulmine-t-il. “Nous avons tous voté” oui “ici en pensant que ces gens-là allaient écouter la voix de la raison. Et voilà qu'à peine une semaine après, ils s'en prennent à nous. Ils n'ont aucune pitié. Comment leur pardonner ?” rage-t-il de plus belle. “Le chef de cette expédition meurtrière, quand il a vu que les victimes n'étaient pas armées, a dit : on s'est donné tout ce mal pour ça ? Il a sorti son PA et a abattu froidement ces jeunes. Comment pardonner à des gens pareils ?!”
Dans la maison du jeune Ramzi Nouicer, des femmes sont là aussi rassemblées dans le patio, autour de la maman. “J'ai perdu mon mari il y a trois ans, au début du Ramadhan. Et voilà que je perds mon fils au Ramadhan aussi”, lance la mère, effondrée. “Cette nuit-là, je m'étais endormie en pensant qu'il était dans sa chambre où il venait dormir comme à son habitude après avoir veillé avec ses amis. Le matin, la voisine vient me voir en me demandant si je n'avais pas vu mon fils. Je lui ai répondu qu'il devait être en train de dormir dans sa chambre. Quand je suis venue m'enquérir de sa présence, j'ai trouvé son lit intact comme je l'avais préparé. Et là, j'ai compris. Je suis partie comme une folle à l'hôpital. Il était tout défiguré comme si son corps avait moisi pendant deux mois. Il était méconnaissable.”
La maman aux joues griffées
Dans la villa des Soltani, les sœurs de la troisième victime, Salah, 21 ans, sont entourées d'amies et voisines venues partager leur douleur. Nous reçoit Ammi Ahcène, le père de Salah. Courageux, il contient stoïquement son émotion. La mère fait preuve, elle aussi, d'une longanimité exemplaire.
Apaisée, elle nous confie toutefois que le choc fut terrible pour elle. Terrible. “Je suis désormais une femme morte”, dit-elle. Retirant le voile qui cachait ses joues, elle nous fait : “Regardez ! Voilà ce que m'a coûté la perte de mon enfant !” Elle avait le visage griffé, lacéré, hachuré, labouré aux ongles de ses mains dans la violence du n'dib. “Mout el ghadra ouaâra”, soupire-t-elle. Le plus dur pour notre hôte est qu'elle ne voyait pas beaucoup son fils : “Il travaillait avec son père dans un restaurant que mon mari possède près de Tébessa.” De fait, ammi Ahcène est restaurateur à Bouchebka, sur la frontière avec la Tunisie. Lui et son fils profitent de la baisse d'activité du Ramadhan pour venir passer le mois de carême au village. Salah et Ramzi, faut-il le souligner, n'étaient pas à proprement parler chasseurs. D'ailleurs, ils n'avaient aucune arme de chasse. Ils étaient juste partis s'amuser. Ils aimaient sortir un peu après le f'tour et faire un tour du côté de la forêt de Ouled Salah prendre le frais pendant que leurs voisins chassaient le lièvre et le sanglier. Ahcène Soltani ne comprend pas qu'ont ait pu s'en prendre à son fils avec une telle gratuité : “Le jour du référendum, j'ai voté “oui”. Nous voulions tourner la page. Nous aspirions à une Algérie nouvelle. Et voilà comment ils nous le rendent ! Mon fils n'avait que 21 ans. Il n'a rien vu dans sa vie. Ce n'était qu'un enfant. Il n'était ni houkouma ni rien. J'ai deux garçons et cinq filles. C'est sur lui que je comptais pour assurer la relève et ils me l'ont ravi. Comment leur pardonner ? Le peule a tout pardonné, a fait trop de concessions. Mai ces gens-là ne veulent rien entendre. Il n'y a plus rien à attendre d'eux. On escomptait qu'ils descendent et voilà qu'ils s'en prennent à nos enfants. Si je savais où les trouver, je les affronterais les mains nues. Celui qui a fait ça à mon fils, nekellou galbou. Je lui mangerai le cœur !” Houda, l'une des cinq sœurs de Salah, s'en prend violemment à la “moussalaha” : “On vivait en paix. Jamais il n'y a eu quelque chose dans la région. Mais depuis qu'il y a eu cette moussalaha, ils ont redoublé de férocité. Et il a fallu que ça tombe sur mon frère ! J'en avais le pressentiment. D'ailleurs, j'ai voté non. Je savais qu'il n'y avait rien de bon à tirer de cette charte.” Nous voici à présent au village de Ouled Salah, une mechta éparpillée aux confins de la commune. La mechta se trouve juste à un jet de pierre de la forêt de même nom où a eu lieu le drame. La route qui y mène est presque déserte, une route sinueuse serpentant à travers un massif montagneux au paysage bucolique. Le décor est somptueux mais la beauté du paysage peine à édulcorer la misère des populations qui y vivent.
À Ouled Salah, l'émoi est à fleur de peau. Nous rencontrons le frère de Kheireddine, l'un des deux rescapés, sévèrement touché au genou. Il nous révèle que les habitants du village avaient remarqué depuis quelque temps des mouvements suspects mais les services de sécurité n'y ont pas prêté attention. “Il y avait des gens qui venaient stationner près du village, montaient dans la forêt avec femme et enfants, restaient des heures et revenaient. C'étaient sans doute des familles de terroristes. Nous avons alerté les autorités sur ce manège bizarre. On nous disait : “hadouk itissalat el houdna”, laissez faire, ce sont les contacts de la trêve. Quelques jours après, voilà ce qui nous arrive. Moi, houdna ou pas, celui qui a fait ça à mon frère me le paiera très cher ! D'ailleurs, je n'ai pas voté. C'est du pipeau tout ça !”
Iraguène village fantôme
Changement de décor. Nous empruntons la route qui mène de Ziama-Mansouriah, splendide station balnéaire de la Corniche jijélienne, située à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Jijel, vers les Babors. La route se perd à travers un massif passablement boisé où l'on ne croise que des bergers solitaires.Nous devons nous rendre à Iraguène, une commune perdue à la lisière des Babors, célèbre pour son barrage, un ouvrage hydraulique qui existe depuis l'époque coloniale, et qui, dans le temps, desservait même la Tunisie en électricité, se vantent ses habitants. Pour nous y rendre, il nous a fallu prendre un clandestin, un “fraudeur” comme on dit ici. Prix de la course : 800 DA. Pas de transport collectif qui va là-bas, pas de bus, pas de taxis, rien. Iraguène est littéralement coupé du monde.
Les hameaux et autres mechtas qui ponctuent le trajet à l'instar de Ouled Ali, Aït Achour et autre Bettacha sont vidés de leurs habitants pour la plupart. Autant le paysage est beau, autant il fait peur. A chaque virage, on redoute le pire. Les chaînes de montagne s'étendent à perte de vue, ce qui offre une base de repli idéale aux éléments du GSPC et autres factions en cavale dans ces maquis. Des dizaines de maisons de campagne sont vides, affichant des toits défoncés aux tuiles dépareillées. Des villages entiers ont ainsi été rasés de la carte comme en témoignent ces divers vestiges d'une vie qui n'est plus : ruines d'une épicerie, d'une école ou d'une ferme anéanties, avec des murs sur lesquels on peut lire des graffitis d'une autre époque : “FIS”, “Al Islam houa el hal”…
De temps en temps surgit une plaque enjoignant aux automobilistes de ralentir : ce sont des points de contrôle militaire. En effet, des éléments de l'ANP sont dispersés sur plusieurs détachements.
Des détachements isolés ayant élu domicile dans une maison abandonnée ou une quelconque bâtisse désertée par ses habitants. Ils alternent avec des détachements de gardes communaux afin d'assurer un maillage aussi resserré que possible de ces vastes territoires.
Une nappe turquoise étalée au pied des contreforts des Babors annonce le barrage d'Iraguène et par là même la commune du même nom. Un détachement militaire ouvre le village puis apparaissent le siège de l'APC, une ou deux épiceries, quelques pâtés de maisons et puis plus rien.
La commune vit dans l'isolement le plus total : ni dispensaire, ni pharmacie, ni médecin, ni gaz, ni téléphone, ni taxiphone, ni transport ni rien. “En hiver, il neige très fort par ici et la route se trouve barrée par la neige. Alors, l'armée approvisionne le village par hélicoptère”, témoigne Abdelkrim, un jeune de 20 ans, vendeur dans une épicerie. Abdelkrim a arrêté tôt ses études : “À l'époque, c'étaient les terroristes qui venaient nous faire les cours. Ils chassaient les profs et se mettaient à nous faire la morale et nous remonter contre le “taghout”, se souvient-il. Un homme d'un certain âge s'indigne de la mort lente qui frappe le village : “Il y avait un privé qui assurait le transport tant bien que mal. Un jour, une bombe a explosé sur son chemin, depuis, nous sommes sans transport. Les gens n'ont pas de quoi vivre. Les agriculteurs ne peuvent pas travailler leurs terres. Ceux qui avaient du bétail l'ont abandonné, et vous pouvez trouver aujourd'hui encore dans les champs tout un cheptel livré à son sort. Les bêtes sont devenues sauvages à force d'errer sans pasteur loin du village.” Les habitants le disent clairement : ils ont peur. Ils gardent encore en mémoire l'effroyable attentat qui a coûté la vie en avril dernier à leur maire, Hakim Aissani (FLN). Il était tombé dans un guet-apens alors qu'il se rendait de nuit, avec un commandant de l'ANP, à un détachement de la garde communale situé quelques kilomètres plus haut. Son corps a été calciné en même temps que le véhicule qu'il conduisait.
Les gens ont donc peur de circuler et ne s'aventurent guère sur la route au-delà d'une certaine heure. Ils restent toute la journée cantonnés dans la grisaille de leur quotidien. Et pour ceux qui voudraient bouger, ils n'ont d'autre choix que de louer les services d'un clando à un tarif exorbitant.
La moitié des maisons du village sont abandonnées. Certaines sont occupées par des paysans qui ont fui les mechtas des montagnes. C'est le cas de cet ancien fellah de Bida, un lieudit perché à quelques kilomètres du barrage, et qui vit dans la hantise d'être expulsé de son logement. “J'ai dû squatter la maison où j'habite. J'ai fui la montagne pour sauver ma peau. Maintenant, je ne sais pas où aller, moi et mes cinq enfants, si jamais le propriétaire revenait !” s'inquiète ce paysan.
L'un des vice-présidents de l'APC nous reçoit. “Nous manquons de tout ici !” dit-il. “Les gens qui avaient un peu d'argent sont tous partis. Le village a connu un exode massif. La population au début des années 1990 était de 11 000 habitants. Aujourd'hui, elle est tombée à 4 088 habitants. Il n'y a pas d'investissement. Les banques bloquent les quelques initiatives ANSEJ. Algérie Telecom nous a libéré quelques lignes téléphoniques à peine trois jours avant le référendum.”
La guerre secrète continue…
Nous quittons Iraguène pour Selma, une autre commune martyre située à la lisière du massif forestier de Guerrouch, sur la route menant vers Texenna (située à 22 km plus bas). La route est encore plus impraticable que le tronçon Ziama-Iraguène. Là encore, il nous a fallu trouver un clando pour nous emmener vers cet îlot coupé du monde. Le trajet est parsemé de ferraille, de carcasses de maisons, de matériel de construction abandonné sur le bas-côté, de squelettes de voiture, de camions, de bétonnières… Autant de scènes apocalyptiques que l'on croyait disparues de notre champ de vision. La peur crispe le visage du jeune conducteur qui nous emmène. Il nous prend presque de mauvaise grâce.
À tout moment, “ils” pourraient surgir de derrière ces buissons suggère son regard acéré. La forêt est rasée par secteurs entiers, ravagée par des incendies. Voilà d'ailleurs un feu encore crépitant sur un flanc de la montagne. Par ce froid et ce temps pluvieux, il est aisé de subodorer qu'il s'agit sans doute d'un incendie intentionnel. 14 km à l'est d'Iraguène s'annonce le village de Selma. Un imposant campement militaire avec un matériel impressionnant nous accueille. L'ANP est installée céans depuis 1995, indique-t-on. Une vraie atmosphère de guerre.
De fait, un tronçon plus loin, nous croisons un convoi de camions bariolés transportant des parachutistes harnachés comme des va-t-en-guerre et prêts à se lancer dans une énième opération de ratissage.
Rappelons que le 22 septembre dernier, soit une semaine avant le référendum, un coup dur a été porté aux éléments de l'ANP lorsqu'un détachement assurant la sécurité auprès d'un chantier de réalisation d'une ligne de haute tension entre Chekfa et El-Kseur est tombé dans une embuscade meurtrière au lieudit Lemkaïel. Bilan : sept militaires et un civil tués.
Au chef-lieu de la commune, on parle encore de cet attentat. Des jeunes postés sous le porche d'un café délabré, faisant face à un pic de montagne aussi magique qu'effrayant, voient mourir leur avenir sous leurs yeux. “Selma s'est vidée de ses habitants et ne restent ici que les gardes communaux”, lance l'un d'eux. Un autre lâche avec une ironie mordante : “Ici, le travail a connu une extinction comme les dinosaures.”
La nuit, des grondements d'artillerie lourde tonnent dans le ciel de Jijel. Nous aurions aimé croire que ce sont les coups de canon du Ramadhan annonçant l'iftar. Ce sont hélas les échos d'une guerre cachée, confinée dans des maquis qui restent irrémédiablement belliqueux même à la sauce “moussalaha”…
M.B.


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