L'hommage rendu au regretté Mohamed Salah Touache et la rencontre, pour une brève rétrospective sur scène, des acteurs du TRC qui ont joué depuis une trentaine d'années la pièce Hada Ydjib Hada n'a pas laissé le public indifférent. Ce dernier, dont la présence et l'engouement ont marqué toutes les soirées durant dix jours, a été la principale réussite de l'événement, même si beaucoup reste à faire pour « dompter » une assistance, en majorité jeune qui, il faut le dire, n'a pas encore la maturité nécessaire lui permettant d'apprécier des œuvres d'un certain niveau. Pour les observateurs avertis, les raisons résident essentiellement dans la rareté des spectacles de théâtre durant l'année à Constantine. Le printemps théâtral qui demeure encore une manifestation aux formes festives devra être multiplié par quatre pour développer le niveau, à l'instar de ce qui se passe chez nos voisins tunisiens et marocains. Côté spectacle, les amateurs du quatrième art ont eu droit à dix œuvres dont le niveau a été qualifié , par les spécialistes, de moyen dans l'ensemble, excepté quelques pièces qui se sont distinguées du lot. On citera la prestation de la compagnie Praxis Théâtre de Miliana, qui a su adapter d'une manière intelligente et accessible, la légende assyrienne de Gilgamesh et Ishtar. Le recours à l'arabe classique, très peu utilisé dans les œuvres théâtrales en Algérie, a été différemment interprété, même si l'expérience est à encourager. Une manière de prouver que le public algérien doit aussi se libérer des carcans imposés par les styles et les formes des dialectes qui sortent parfois du cadre théâtral. Un effort supplémentaire est tout de même exigé de nos acteurs afin de maîtriser la langue d'El Moutanabi, et éviter par là même ces fautes grammaticales, lesquelles ont fini par dénaturer le texte dans certaines pièces. La participation tunisienne et marocaine a montré que nos voisins ont beaucoup évolué en matière de recherche et d'innovation lorsqu'il s'agit d'exploiter les capacités corporelles des acteurs, la symbolique des objets et des décors, ainsi que l'espace offert par la scène. L'exemple donné par la pièce Ars Falso (Une fausse fête) de la Tunisienne Nadia Benahmed a suscité de longs commentaires après sa présentation sur scène. Il reste que la troisième édition de ce printemps théatral, qui n'a pas surclassé sa précédente, a été une réussite sur le plan populaire en attendant de meilleures prestations à l'avenir.