Dédiée à la mémoire de feu Chérif Chouaïb, la 4ème édition du printemps théâtral de la ville de Constantine, tenue du 27 mars au 6 avril, a connu un grand succès. Pour preuve, le théâtre régional, qui a abrité l'évènement organisé par le comité des fêtes de la ville de Constantine, avec la contribution de plusieurs sponsors, n'a pas désempli un seul jour. Pour les spécialistes et les gens du métier, cet engouement populaire demeure le meilleur indice quant à la bonne santé et le renouveau que le 4ème art ait connu en Algérie, à la faveur de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe 2007, laquelle a permis une production de choix, aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif. Pour le public constantinois, amateur des planches, qui est privé de ce genre de manifestations, programmées pratiquement une fois par an, cette occasion demeure inespérée, tant le menu proposé était alléchant. Si la pièce El Haouat ouel qasr, de l'omniprésent Azzedine Abbar, interprétée par les acteurs du théâtre régional de Constantine, a été reçue avec ferveur, le printemps théâtral a permis de révéler non seulement des talents jeunes et prometteurs, mais aussi des comédiens, qui un jour feront parler d'eux. C'est le cas de le dire pour la troupe du théâtre de Batna, qui s'est illustrée dans Ennahs ouel kobtane, de Bouzid Chawki, ou celle du théâtre de Béjaïa, qui a séduit avec la pièce Leonardo Fibonacci, réalisée par Ahmed Khoudi, d'après une adaptation de Omar Fetmouche, au même titre que les tonitruants acteurs du théâtre de Sidi Bel Abbès, dirigés par le réalisateur Ahcène Assous, lequel a su innover, à travers une autre vision de la fameuse œuvre de Kateb Yacine, Ghebrat El Fhama. Pour cette édition, l'hommage est à rendre à la troupe de la compagnie culturelle de théâtre de Sétif, qui a tenu ses promesses en présentant El Djifa de Saâd Allah Ouennous, et ce malgré une longue coupure de courant électrique, contraignant la direction du TRC a recourir à un groupe électrogène. Ce rendez-vous a fait sensation grâce aux deux acteurs du TNA, Redha Takhrist et Rachid Djerourou, dans la pièce Arrêt Fixe de Ahmed Benguettaf, et à la troupe du théâtre de Annaba qui a fait salle comble lors de la présentation d'El Khourda de Allaoua Hassan. C'est l'équipe du théâtre régional Abdelkader Alloula de la ville d'Oran qui a été la plus attendue. Notoriété oblige, la bande à Mohamed Haïmour et Abdelkader Belkaïd a drainé une foule nombreuse lors de la soirée du jeudi, durant laquelle elle a présenté avec brio Achwak Essalem, adaptée par Mourad Senoussi, d'après Tewfik El Hakim. Pour les spécialistes, le niveau de la majorité des œuvres présentées a été à la hauteur des attentes, et la surprise de ce printemps théâtral demeure, sans conteste, la forte présence des jeunes, dont l'engouement pour le 4ème art suscite déjà l'intérêt des organisateurs. Ces derniers, il faut le dire, n'ont pas lésiné sur les moyens pour réussir une édition marquée surtout par la présence remarquable de deux troupes maghrébines. Les Marocains, représentés par le théâtre de la société des arts vivants de Casablanca, ont créé la sensation à travers la pièce Qissat Hob de Fawzi Bensaïdi, alors que les Tunisiens de l'institut national des arts dramatiques et scéniques de la ville d'El Kef ont clôturé le printemps théâtral en apothéose avec la pièce Saâ Zaïda de Zine Laâbidi.