Pour la première fois depuis l'indépendance, les pouvoirs publics semblent se décider enfin à réhabiliter la page glorieuse que constitue l'insurrection du 8 avril 1871 dans notre histoire. En effet, outre le mausolée qui est en voie d'achèvement à Seddouk Oufella, l'émission d'un timbre postal à l'effigie de cheikh Ahaddad, dont la vente était programmée officiellement à partir de la poste de Seddouk, hier, un programme aussi riche que varié est élaboré par l'APC en collaboration avec le comité des fêtes et le mouvement associatif. Une exposition du 5 au 8 avril 2007, qui a reçu de nombreux visiteurs, s'est tenue au niveau de la salle des fêtes de l'APC et a retracé la vie, le combat et l'œuvre du grand cheikh et ce par des documents parfois inédits et quelques rares photos. Une biographie succincte du cheikh a été établie par l'un de ses arrière-petits-fils, en l'occurrence M. Belhaddad Si Ahmed, qui dit l'avoir fait « pour ne pas tomber dans les amalgames ». Selon lui, Cheikh Mohamed Ameziane Belhaddad est né au village de Seddouk Oufella, dans la wilaya de Béjaïa, aux environs de 1790. Après l'acquisition des premières connaissances à l'école coranique fondée par son père, il décida de continuer sa formation hors de son village natal. Dans la zaouïa des Chechtoula à Aït Abderrahmane, il se consacra à l'étude du soufisme et des principes de la Tariqa Er-Rahmania sous les auspices de cheikh Ali Benaïssa, successeur du fondateur de la zaouïa qui fut impressionné par l'assiduité et les capacités d'assimilation de cet étudiant devenu lui-même par la suite mokadam (directeur) de la Tariqa Er-Rahmania. Revenu à Seddouk, il fut choisi par la population pour être imam et enseignant de la mosquée. En 1857, il devint khalife, cheikh suprême de la Tariqa Er-Rahmania. Sa zaouïa est devenue un centre de rayonnement et la destination privilégiée des populations démunies. Son destin finira par rencontrer celui d'El Mokrani et tous les deux se rejoignirent dans leur combat contre l'armée française. Le 8 avril de l'année 1871, Cheikh Belhaddad se rend au marché de Seddouk où une immense foule l'attendait. A la fin de son discours, il lancera cette phrase devenue célèbre : « avec la volonté de Dieu, nous jetterons les colonisateurs à la mer comme je jette ma canne par terre. » Il jeta sa canne devant un auditoire déjà acquis à la guerre sainte. Cheikh Belhaddad créa une armée estimée à 300 000 hommes et confia son commandement à ses deux fils. Le 13 juillet 1871 à Seddouk, le cheikh fut mis par l'administration coloniale en résidence surveillée et conduit à Bordj Moussa (actuel musée de Béjaïa) puis au tribunal de Constantine qui le condamna à cinq ans de prison. Il décéda le 29 avril 1873 à la prison d'El Koudiat (Constantine) à l'âge de 83 ans. Bien qu'il ait émis de son vivant le vœu d'être enterré dans son village natal, cheikh Belhaddad fut enterré par la population locale et les adeptes de la Tariqa Er-Rahmania au cimetière central de Constantine. Il reste l'un des principaux leaders des mouvements populaires qui ont marqué l'histoire de l'Algérie après 1830. Une lettre a été transmise par Si Ahmed Belhaddad et le P/APC de Seddouk aux autorités communales de Constantine demandant le transfert des ossements de cheikh Belhaddad vers son village natal une fois que le mémorial qui lui est dédié sera achevé.