Les députés FLN exclus de la liste des candidatures aux élections législatives du 17 mai prochain ont décidé, hier, d'observer un sit-in en guise de protestation à l'intérieur de l'hémicycle. Une démarche avortée, puisque les initiateurs de cette manifestation ont été invités poliment par la direction de l'APN à organiser leur manifestation ailleurs, c'est-à-dire au siège de leur formation. « L'assemblée ne renferme pas uniquement le parti FLN, mais elle est composée de plusieurs formations et les députés mécontents doivent manifester leur colère au sein de leur parti », a répliqué un fonctionnaire de l'APN. La grogne au FLN est générale et les députés ont tout simplement qualifié l'opération menée par M. Belkhadem de génocide. « Ils ont opéré une véritable purge au sein du FLN. Un génocide. En somme, un véritable coup d'Etat que nous n'arrivons pas encore à digérer », a expliqué un député de cette formation qui précisera qu'il était proche de M. Benflis. Cet aveu est d'une grande importance, puisque plus loin un autre élu a résumé en quelques mots ce qui s'est produit à la veille des législatives. « Nous payons notre soutien à M. Benflis. La preuve, c'est que toutes les personnes qui ont été aux côtés de l'ex-secrétaire général ont été remerciées. M. Belkhadem n'a pas été honnête, puisque les critères de compétence et de militantisme ont été occultés et c'est le règlement de comptes qui a primé. C'est décevant », dira-t-il. A l'APN, aucun député FLN n'était en mesure d'expliquer ce qui s'est réellement passé. A l'unanimité, les exclus ont avancé que les listes de candidats ont été remaniées et refaites entièrement en l'espace d'un après-midi. Sur les 199 députés FLN, 12 seulement ont été reconduits sur la liste des candidatures aux élections législatives du 17 mai prochain, ce qui implique que 187 ont été écartés. Sur les 12, à l'exception de Mohamed Abou, ex-ministre de la Culture, aucun des autres candidats n'a été classé en tête de liste. Ils figurent soit en troisième position ou plus loin dans le classement. Selon les députés en question, la majorité des nouveau candidats a été parachutée et n'a par conséquent aucun ancrage populaire. « A Oran et dans bon nombre de wilayas, les candidats retenus n'ont aucun lien avec le parti, ils ne sont ni militants ni compétents », a déclaré un député, convaincu que les candidats à la prochaine députation ont été choisis en fonction de leurs liens de parenté avec la sphère du pouvoir. Il illustre ses propos par des exemples : « Dans la liste FLN d'Oran figurent un proche du ministre de l'Intérieur, un du directeur du protocole, un autre du colonel Athmane, un receveur d'autobus... » En outre, les députés exclus qualifient de graves les déclarations faites par M. Belkhadem, relatives à l'intervention du premier magistrat du pays dans la confection des listes. « M. Bouteflika est certes président d'honneur du FLN, mais il est insensé d'avancer que le premier magistrat du pays a eu un droit de regard sur les listes. Donc, si l'on se réfère aux propos du chef du gouvernement, la base n'a pas dit son mot. Ceci est grave », fera remarquer un député qui insistera sur un point portant sur l'exclusion de M. Saâdani. Pour lui, M. Saâdani a été dépêché pour accomplir une mission bien précise. Une fois-ci celle-ci achevée, le président l'a remercié ! Par ailleurs, d'autres députés espèrent que les listes contestées seront revues. « Nous avons appris que les quelques listes vont être revues. A Béjaïa, la liste a été déchirée. Il faut bien trouver une solution à cette crise », souhaite ce député qui estime que les dirigeants du parti doivent impérativement corriger leur erreur. « Ils ont violé le règlement intérieur du parti », a-t-il lancé.