« A partir du moment où nous avons commencé à soumettre les véhicules professionnels au contrôle, nous avons constaté que bien que le véhicule soit neuf, il y a des défaillances techniques dans les systèmes de freinage, d'éclairage et de direction. Je serais content que tous ceux qui exportent des véhicules vers l'Algérie aient un contrôle qualité interne qui me permette de m'assurer que les véhicules n'ont pas de défauts. Le service des mines contrôle un prototype pour la conformité. Mais il ne contrôle pas chaque véhicule. A notre sens, rien ne justifie l'exonération des véhicules neufs du contrôle technique », avait déclaré le ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, en direct à la télévision algérienne lors de son passage, début janvier 2007. Ce constat semble se vérifier de jour en jour à travers l'ensemble du territoire national, du moins dans la wilaya de Tizi Ouzou. C'est ainsi que dans le bilan des statistiques des véhicules contrôlés entre le 1er janvier et le 31 décembre 2006, dont une copie a été transmise à notre rédaction, le chef d'agence de la société de contrôle technique automobile, dont le siège est situé à la zone industrielle de Oued Aïssi, atteste que sur un chiffre global de 4928 véhicules contrôlés, 1747, soit un taux de 35,45%, présentent des anomalies au niveau des freins, alors que 35,94%, soit 1771 véhicules, ont des déséquilibres dans le système de suspension. « Des défaillances importantes au niveau du freinage et de la suspension sont relevées sur l'ensemble des catégories de véhicules et même sur des véhicules neufs », est-il mentionné dans le document. Le taux de déséquilibre pour les véhicules de transport en commun de personnes (TCP) immatriculés en 2006 est de 17,21%, ce qui est très important. Une dissymétrie de la suspension est aussi importante pour cette catégorie puisqu'elle affiche un taux de 37,70%. Sur les 631 véhicules neufs contrôlés, 82 automobiles, soit un taux de 13%, présentent un déséquilibre de freins, alors que 129 autres, soit 20,44%, présentent une dissymétrie importante de suspension. « Avec ces résultats catastrophiques, il est anormal de contester le contrôle technique pour les véhicules neufs programmé pour l'année 2008 », atteste le chef d'agence dans son document. Par ailleurs et pour la catégorie transport de marchandises, notre interlocuteur constate que le déséquilibre des freins est le plus important sur les véhicules de plus de 10 ans qui est de l'ordre de 46,17%. C'est ainsi que sur 1501 véhicules, 693 présentent un déséquilibre. Il en est de même pour la dissymétrie de la suspension dont le taux est de 56,89% puisque sur 1501 véhicules contrôlés, 854 présentent une dissymétrie. « D'après ces taux, nous pouvons conclure que l'automobiliste ne se soucie pas tellement de l'entretien de son véhicule », fait-il savoir. Pour la catégorie des taxis, le mauvais état des freins est remarqué, mais le taux reste, selon ce spécialiste, inférieur aux autres catégories. « Ceci montre que leurs propriétaires entretiennent régulièrement leurs véhicules, malgré leur vétusté. » La catégorie des véhicules particuliers présente aussi des défauts de freinage et de suspension, surtout pour les anciens véhicules. En conclusion, affirme-t-il, l'état des freins et de la suspension de l'ensemble des véhicules roulants présente des risques d'accidents majeurs sur nos routes quelle que soit l'année de leur mise en circulation. Les risques demeurent « conséquents » pour les véhicules de plus en plus vétustes. « Un déséquilibre de freins n'est pas toujours fondé sur une insuffisance d'un organe sur l'équipement du véhicule, mais un simple réglage peut rendre l'efficacité de cet élément et mettre en sécurité le véhicule. Afin de remédier à cette imperfection, il est préférable pour les concessionnaires de se doter d'un équipement de contrôle tel un banc de suspension et de freinage pour procéder aux essais pour chaque véhicule vendu. » Abdellah Leghereib, directeur général de l'Etablissement national de contrôle technique automobile (Enacta), avait déclaré à El Watan du 12 novembre 2006 que 35 386 véhicules ont été immobilisés durant les huit premiers mois de l'année précédente. « Les véhicules immobilisés à cause de défaillances plus ou moins sérieuses ne seront pas tous interdits de circulation, puisque certains d'entre eux pourront circuler de nouveau si les réparations nécessaires sont effectuées », a-t-il indiqué. Interrogé sur les organes prioritaires pris en considération lors des opérations de contrôle technique, ce responsable dira que son établissement « imposait au tout début de l'opération un contrôle strict en ce qui concerne les freins, la suspension et la direction. Comme deuxième étape, nous avons pris en considération les émissions de gaz, la signalisation et l'état des pneus. Prochainement, nous nous intéresserons davantage à la carrosserie et à la structure du véhicule ».