Ayad Boumediène, l'ex-P/APC d'obédience FLN de Ksar Chellala a été condamné hier par le tribunal de Tiaret à cinq ans de prison ferme et son prédécesseur à la tête de cette commune, Jdid Aïssaoui, a été condamné à deux ans de prison, au moment où l'actuel président d'APC a été relaxé. D'autres condamnations ont été prononcées par le tribunal à l'endroit d'un élu, d'un magasinier et d'un d'entrepreneur, soit deux ans pour chacun des prévenus, la relaxe pour certains et la privation de certains droits civiques pour d'autres. Ils étaient en effet dix-sept personnes au total à être poursuivies dans une affaire de « malversations, dilapidations de biens publics, faux et usage de faux » ayant valu un lourd préjudice à l'APC d'une région qui avait longuement souffert de l'enclavement, de la marginalisation et dont les jeunes avaient manifesté leur colère durant l'été dernier. Le verdict rendu hier par le tribunal a été quelque peu allégé après que le procureur de la République a requis 7 ans de prison à l'encontre de l'ex-maire. Faut-il rappeler que durant l'été dernier, beaucoup de citoyens de la commune de Ksar Chellala sont sortis spontanément manifester, au moment où la rencontre Allemagne - Argentine allait débuter pour le compte du dernier Mondial de football. On le savait, on n'avait cessé de le répéter, Ksar Chellala couvait une colère sourde, mal contenue qui éclata dès qu'une panne (quinze minutes, dira en son temps Bouchenaki Djelloul, directeur régional de Sonelgaz) éteindra pour de longs moments les télés. Panne technique provoquée depuis Aïn Ouessara par laquelle est alimentée cette importante commune, mais panne qui n'a pas été sans faire ressortir de vieux ressentiments induits par le chômage, l'eau et certaines autres frustrations cumulées que la manip politique s'est chargée d'exacerber. Des centaines de jeunes avaient en effet bloqué certains axes routiers, brûlé des pneus et se sont dirigés vers le siège de la daïra. Au terme d'une semaine d'émeutes, on déplorera le décès d'un citoyen, mais les forces de l'ordre interpellèrent près d'une cinquantaine de jeunes, pour la plupart condamnés à des peines de prison d'un à six mois, après que des médiations ont été initiées. Plus de huit mois après les troubles qui ont secoué cette région, les choses semblent bouger. Les troubles de Ksar Chellala, sans être directement liés avec l'affaire du maire, restent l'expression de graves ressentiments sur fond de frustrations que tentent d'atténuer les pouvoirs publics locaux à travers d'ambitieux programmes de développement, mais les injustices sociales qui sont tellement grandes ne seraient atténuées qu'à travers l'élévation de cette importante région au stade de wilaya. C'est ce que tentent de faire comprendre vieux et jeunes qui croient mordicus en cette option.