Le mouvement de grève des praticiens spécialistes de santé publique, entamé depuis le 18 du mois en cours, se poursuit. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a invité, hier, le Syndicat des praticiens pour lui faire part des décisions du gouvernement et l'exhorter à mettre fin à la grève. « Une décision irrévocable tant que le bureau national ne s'est pas réuni », dira Dr Yousfi, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP). Une réunion extraordinaire sera organisée dans les prochains jours afin de décider des suites à donner à cette nouvelle situation. Il considère que les mises en garde du gouvernement ont suscité l'indignation au sein de la corporation et elles ne se justifient en aucun cas. Le communiqué met en garde contre la grève illimitée, alors que la loi est claire à ce propos. « Aucune disposition du texte de loi n'interdit la grève illimitée. Ces mises en garde ne sont en fait qu'une remise en cause du droit à la grève pourtant consacré par la Constitution algérienne », ajoute Dr Yousfi. Le gouvernement menace tout gréviste de licenciement, un acte contre la loi, estime le président du SNPSSP. « Durant toutes les grèves que nous avons menées depuis 2002, le service minimum dans les structures hospitalières et secteurs sanitaires a de tout temps été assuré, et le service public n' a jamais été remis en cause. D'ailleurs, aucun dépassement n'a été enregistré si ce ne sont les entraves à l'exercice syndical. Durant ces grèves, les spécialistes étaient toujours présents aux postes de travail. On ne peut pas parler d'abandon de poste tel qu'il a été qualifié par le gouvernement. Si maintenant l'Algérie peut se permettre de licencier une élite dont le manque est fortement ressenti à travers le pays, il est clair que le recours à des médecins étrangers est déjà envisagé par les pouvoirs publics », dira Dr Yousfi. Il tient à préciser que « le communiqué du gouvernement confond entre ce que nous demandons, à savoir la remise en conformité avec le statut d'octobre 2002 relatif à la réhabilitation du statut du médecin spécialiste, et la revalorisation salariale qui n'est pas notre principale revendication ». Quant au point ayant trait au concours d'accès aux grades de spécialiste principal et spécialiste, Dr Yousfi rappelle qu'il constituait une revendication du syndicat qui a exigé que ce concours soit organisé selon les normes universitaires universelles. Il est à noter que le gouvernement a mandaté le ministre de la Santé pour mettre en application toutes les mesures prises lors du Conseil du gouvernement. Il s'agit, entre autres, du respect de la circulaire relative au non-paiement des journées de grève, au dépôt de plainte contre les syndicats qui entravent le service public de la santé, notamment le recours à la grève illimitée, et à l'engagement des procédures pénales des personnels en grève illimitée qui sont considérés en abandon de poste. Malgré toutes ces mesures restrictives, le SNPSSP est déterminé à poursuivre le mouvement de protestation décidé suite à une assemblée générale qui a fait un constat de non-avancement du dossier. Le syndicat, rappelons-le, a déploré « la transgression de l'accord du 3 mars 2004, la légèreté et le manque d'intérêt avec lesquels le dossier a été traité ». La remise en cause des six points retenus dans cet accord, notamment la régularisation des praticiens spécialistes ayant exercé avant 1990, l'organisation des concours de praticien principal et praticien spécialiste chef et les projets de décret du régime indemnitaire qui sont restés sans suite constituent également l'une des raisons du recours à la grève. La suspension de cette dernière est conditionnée, comme ne cesse de le répéter Dr Yousfi, par la concrétisation globale de la plateforme de revendications retenue dans l'accord du 4 mars 2004. Ainsi, la confrontation engagée entre le SNPSSP et le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière déborde pour atteindre le gouvernement. Lequel a été interpellé il y a quelques jours par ce même syndicat pour mettre fin à ce conflit.