Depuis quelques jours, l'ONU a entre les mains deux projets, ou encore deux plans pour le Sahara-Occidental. Le premier est marocain, et ne préconise rien d'autre que l'autonomie, une formule qui n'existe pas dans le plan de paix des Nations unies que ce pays avait approuvé conjointement avec le Front Polisario en 1988 avant qu'il ne soit endossé par les Nations unies. Ce plan qui s'inscrit dans le cadre de la doctrine des Nations unies, celle de la libération, traite cette question sous l'angle de la décolonisation, et retient comme solution, un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. C'est ce qui explique l'adhésion de la communauté internationale avec, à chaque rendez-vous, un vote unanime. Cette fois encore, le Maroc s'en écarte en fondant cette démarche sur un raisonnement qui balaie en deux mots, tous les principes de justice énoncés par les Nations unies. Il s'agit du principe de la souveraineté, et selon la terminologie marocaine, il ne saurait y avoir qu'une seule, la sienne, autrement dit, la reconnaissance du fait accompli colonial. Tout le reste n'est donc qu'un simple habillage. Qu'il s'agisse de l'autonomie, de référendum ou de pouvoirs locaux. A l'inverse, le Front Polisario, qui rejette ce projet marocain, a réitéré son attachement au plan des Nations unies, et le projet qu'il a décidé de soumettre s'inscrit dans le cadre de l'après-référendum. Le Front Polisario est prêt à donner des « garanties » aux résidents marocains du Sahara-Occidental, si un référendum d'autodétermination se concluait par l'indépendance de ce territoire occupé par le Maroc, a indiqué jeudi son responsable chargé des relations avec la Minurso (Mission des Nations unies chargée de l'organisation du référendum au Sahara-Occidental). « Nous sommes prêts à donner des garanties sur le statut des résidents marocains au Sahara-Occidental, l'exploitation en commun et équitable de ses ressources et des garanties sécuritaires au Maroc », si le référendum aboutit à l'indépendance, a déclaré M'hammed Khaddad, commentant ou faisant une lecture de la proposition adressée mardi aux Nations unies, par le Secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz. Le président sahraoui a souligné que « dans un souci de contribuer à la solution du conflit de décolonisation opposant, depuis plus de 30 ans, le Maroc et le peuple sahraoui, et partant à l'avènement d'une paix juste et durable dans notre région, le Front Polisario a remis aux Nations unies une proposition de solution ». Selon Mohamed Abdelaziz, il s'agit d'un « projet de solution souple et constructif » qui garantit les droits nationaux du peuple sahraoui conformément aux résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies et du Conseil de sécurité qui, toutes, appellent à l'exercice par le peuple sahraoui de « son droit à l'autodétermination à travers un référendum libre et régulier ». « C'est aussi un projet ouvert à la coopération et à des relations de bon voisinage avec le Royaume du Maroc et l'ensemble des pays de la région », conclut la déclaration. M. Khaddad a estimé « à 150 000 », le nombre de ressortissants marocains au Sahara-Occidental et « à 130 000 » les militaires marocains stationnés dans ce territoire. « Nous manifestons à nouveau notre disponibilité à négocier avec le Maroc pour la tenue d'un référendum d'autodétermination et nous sommes prêts à lui accorder toutes les garanties nécessaires pour l'après-référendum » s'il se conclut par l'indépendance, a insisté M. Khaddad. La balle est dans le camp de l'ONU dont la position est marquée par la constance. Elle a refusé de se faire l'auteur ou l'allié d'un déni de justice. C'est-à-dire renier son propre plan. Sur quoi débouchera sa prochaine réunion ordinaire sur le Sahara-Occidental qui se tiendra dans quelques jours ?