Dominant majestueusement la ville de Constantine, le plateau de Aïn El Bey est l'un des sites d'habitation parmi les plus prisés, en particulier au niveau de la cité El Fedj, une zone pavillonnaire qui a commencé à émerger dans les années 1980 avec l'attribution en masse de lots de terrain par l'agence foncière. Malheureusement, derrière cette image d'Epinal se cache une réalité nettement moins séduisante qui a fini par mettre les nerfs des habitants de la zone dite Aïn El Bey 2 à fleur de peau. Dans la ligne de mire, les nombreux lots de terrain laissés en l'état depuis cette époque et les dizaines de carcasses de maisons individuelles. Une situation dénoncée par le président de l'association de quartier, d'autant, dit-il, que les lots de terrain servent de décharges pour les gravats et autres détritus et les carcasses d'habitation de lieux propices à toutes sortes de dérives. Une situation intolérable, selon notre interlocuteur, citant les textes de loi qui précisent les délais accordés aux bénéficiaires pour entamer les travaux de construction ou les finir, s'agissant de carcasses. Des délais dépassés, dans certains cas de près de deux décennies, ce qui conduit cet habitant à dire que les propriétaires en question sont intouchables ou que l'administration concernée ne fait pas son boulot. Les habitants craignent à présent pour leur propre sécurité et celle de leurs enfants. Leur porte-parole a tenu à nous montrer ce qu'il considère comme le point d'orgue, un grand terrain non clôturé aux allures de dépotoir à ciel ouvert. Ce terrain appartiendrait à un entrepreneur, qui en aurait bénéficié pour investir à cet endroit dans un hôtel touristique, d'autant que le site choisi est situé sur un promontoire avec une vue plongeante sur le Vieux Rocher. La première pierre aurait été, d'après le président de l'association de quartier, posée au début de la décennie précédente par le ministre du Tourisme en poste à cette époque. Mais depuis, plus rien. L'entrepreneur en question n'aurait plus donné signe de vie. Une situation anachronique aux yeux des habitants qui se gargarisent d'autre part de la poudre aux yeux jetée il y a quelques mois, à l'occasion d'une visite effectuée sur ce site par le wali de Constantine. La veille de son arrivée, affirme notre interlocuteur, un bulldozer et une armada de camions et d'employés communaux avaient maquillé les lots se trouvant sur l'itinéraire que devait emprunter le premier magistrat de la wilaya. Cela a constitué l'élément déclenchant de la levée de boucliers des habitants de la cité El Fedj, qui se désolent en outre de l'absence de la moindre aire de jeux ou d'une infrastructure de loisirs ou celle à caractère culturel. Ils appellent également de tous leurs vœux l'implantation d'une sûreté urbaine.