Si certaines parties adhèrent pleinement à l'initiative d'aujourd'hui, d'autres ne sont pas convaincues que cette démarche qualifiée de « ponctuelle » soit la solution adéquate pour l'éradication du terrorisme. Alger et toutes les wilayas du pays renouent aujourd'hui avec les marches et les meetings populaires. Des manifestations seront, en effet, organisées aux quatre coins du pays pour dire « non au terrorisme » et pour condamner le double attentat perpétré mercredi 11 avril en plein cœur de la capitale. La coupole du complexe Mohamed Boudiaf à Alger abritera un rassemblement populaire. L'administration a autorisé ces rassemblements initiés par de nombreuses organisations de la société civile. Faut-il rappeler que le ministre de l'Intérieur a interdit, au début des années 2000, les rassemblements et les meetings à l'échelle nationale et la dernière manifestation grandiose remonte à 1997 et ils étaient des centaines de citoyens à répondre favorablement à l'appel de l'UGTA pour occuper la rue afin de condamner le terrorisme. La première manifestation spontanée date de 1993. Si certaines parties adhèrent pleinement à l'initiative d'aujourd'hui sans se poser trop de question, d'autres ne sont pas convaincus que cette démarche, qualifiée de « ponctuelle », soit la solution adéquate pour l'éradication du terrorisme. « Dénoncer et condamner le terrorisme et les attentats perpétrés dans la capitale et dans d'autres régions du pays est de notre devoir. Nous allons participer au meeting et plus tard nous allons poser le problème de la fermeture des espaces d'expression pour les citoyens », feront remarquer les responsables de quelques partis politiques et représentants de la société civile. Le parti d'Ahmed Ouyahia indique pour sa part qu'il sera présent en force à la coupole. Miloud Chorfi, le porte-parole de cette formation, estime que la lutte antiterroriste doit être permanente et la population ne doit jamais baisser sa vigilance. « Le RND adhère à cette démarche mais nous pensons que les initiatives ponctuelles ne règlent pas le problème du terrorisme. La population doit jouer son rôle et ne doit pas occulter l'aspect relatif à la vigilance et à la mobilisation », dira-t-il en réitérant la position du RND qui est en faveur de toute initiative nationale s'inscrivant dans le sillage de la lutte contre le terrorisme. Les militants et les cadres du parti seront mobilisés pour la circonstance et vont sillonner les rues de toutes les wilayas du territoire national. Pour sa part, le Parti des travailleurs (PT), par la voix de son responsable chargé de l'information, Djelloul Djoudi, s'est dit satisfait de cette initiative et d'ores et déjà des contacts ont été établis avec l'ensemble des bureaux de wilaya, en vue de mobiliser tous les militants du PT pour ces rassemblements populaires rappelant, à juste titre, l'appel lancé par son parti suite aux événements tragiques de mercredi passé, pour permettre aux citoyens de condamner d'une seule voix ces actes criminels. « Une telle halte va démontrer aux autres pays que l'Algérie est pour la paix, la stabilité. Ces marches à travers le territoire national sont une réponse du peuple algérien aux commanditaires des attentats du 11 avril. Une réponse signifiant le rejet du terrorisme, sa condamnation et surtout la mobilisation du peuple pour faire face à ce phénomène ». Pour sa part, le porte-parole officiel du parti du Front de libération nationale (FLN), Saïd Bouhadja, a indiqué que les militants du parti seront présents, répondront oui à l'appel des citoyens pour condamner les attentats terroristes et réaffirmer leur soutien à la démarche de réconciliation nationale. De son côté, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Boudjerra Soltani, a souligné « la grande volonté qui anime le peuple, la société civile et la classe politique algériens d'exprimer avec force vigueur leur réaction unifiée contre ces attentats terroristes criminels ». Seule voix discordante, le FFS, fidèle à ses positions, qualifie cette initiative de fuite en avant du gouvernement algérien et dénonce le fait que les espaces d'expression ne sont ouverts que pour le besoin du pouvoir de combler « son déficit de légitimité et de crédibilité ». « Comment peut-on qualifier ce qui se prépare de manifestation spontanée de la population alors que sur le terrain on oblige les fonctionnaires, les enseignants à prendre part aux rassemblements sous la contrainte et le risque de représailles », dira M. Tabou, SG du FFS. Du côté du syndicat, l'UGTA qui est connue pour sa capacité de mobilisation a appelé l'ensemble des travailleurs à participer massivement aujourd'hui aux marches à travers le territoire national et au rassemblement prévu à la coupole pour dénoncer les actes terroristes qu'à vécus Alger la semaine écoulée. Le secrétaire général de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, a réitéré, à cette occasion, sa condamnation des actes terroristes « criminels et barbares » du 11 avril, exprimant son « attachement profond » à la réconciliation nationale initiée par le premier magistrat du pays. Par ailleurs, Nouria Hafsi, au nom de l'UNFA ainsi que d'autres associations, entre autres victimes de terrorisme, ont précisé que l'initiative consistant à marcher dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol du terrorisme émane de la population via le mouvement associatif. « La population a ouvertement condamné les attentats, elle veut la paix et la stabilité et elle veut traduire cela sur le terrain pour que les commanditaires de ces crimes connaissent la position du peuple », dira Mme Hafsi.